Dynamique Unitaire (DU), sous la direction de Jean Rémi Yama, a exprimé ses vives inquiétudes concernant le projet de Constitution soumis au référendum du 16 novembre. Lors d'une réunion le 3 novembre, la centrale syndicale a affirmé que le texte ne répondait pas aux aspirations d'un Gabon nouveau, centré sur une séparation des pouvoirs réelle et une justice indépendante. Roger Ondo Abessolo, président par intérim de DU, a souligné que l'indépendance de la justice est un combat majeur pour son organisation, un combat qu'ils espéraient gagner avec l’avènement du Comité de Transition et de Rétablissement des Institutions (CTRI).
Après une analyse approfondie, DU a constaté que le projet de Constitution renforce plutôt un système de pouvoir centralisé, faisant du président de la République un «super-Président» aux prérogatives étendues. Le syndicat critique particulièrement l'article 62, qui permet au président de dissoudre l'Assemblée nationale, sans que cette dernière puisse exercer un contrôle équivalent sur lui. Ainsi, le président, en cumulant les fonctions de chef de gouvernement, échappe à toute responsabilité devant le Parlement.
De plus, selon les dispositions de l'article 81, seuls le vice-président et les membres du gouvernement doivent répondre aux interpellations parlementaires, laissant le président en dehors de tout contrôle démocratique. DU dénonce ce mécanisme qui, selon eux, consacre un régime autoritaire, limitant la capacité du Parlement à exercer son rôle de gardien des droits et libertés.
Les membres de DU ne cachent pas leurs craintes quant à l'éventuelle amplification de l'impunité, notamment avec l'article 170, qui prévoit une loi d'amnistie pour des événements survenus entre le 29 août 2023 et l’investiture du président de la Transition. Cette disposition soulève des interrogations sur les acteurs concernés et les événements en question, laissant planer un doute sur une possible manipulation politique favorisant certaines élites du régime précédent.
Bien que DU se félicite du retrait de l'article 42, qui faisait des ressources naturelles du Gabon une propriété exclusive de l'État, le syndicat aurait préféré que ces ressources soient directement attribuées aux communautés locales. Ce changement, selon eux, aurait pu constituer un pas en avant vers une gestion plus équitable et transparente des richesses naturelles, protégeant les droits des populations locales face aux abus potentiels.
Appelant à un large rejet du projet de Constitution, DU exhorte les Gabonais à voter «NON» lors du référendum. Ils envisagent ce «NON» comme une opportunité de rétablir une gouvernance juste et de mettre fin aux pratiques qui ternissent l'image de l'État. En unissant leurs forces, les partisans du «NON» pourraient créer une alternative solide pour un avenir meilleur au Gabon, loin des chaînes d'un passé autoritaire.