Présidentielle : vers qui penche le vote des femmes ?

L’artiste a dit, "apporte-nous la démocratie, on te suit. Et si les femmes, elles, disaient aux candidats, "apportez-nous du travail pour nos fils, nos époux, et pour nous-mêmes, et nous vous suivrons ?" Ceci pour se demander comment les femmes voteront-elles le 12 avril prochain ? Pourquoi, pour qui ? Qu’est-ce qui motivera leur choix ?

Ce qu’il faut savoir, c’est que les Gabonaises ont toujours joué un rôle actif en politique : mandats électifs, fonctions ministérielles, engagement associatif… Elles ont su se faire entendre sur les sujets qui les concernent et sont souvent en première ligne lors des mobilisations électorales. Alors, que peut-on attendre d’elles au cours de ce scrutin décisif ?

D’après de nombreux observateurs, leur positionnement dépendra de plusieurs facteurs : les engagements des candidats en faveur de l’égalité entre les sexes, les politiques proposées pour améliorer leur quotidien (éducation, l'entrepreneuriat, l'accès au financement, la lutte contre les violences, etc.), mais aussi leur place sur les listes électorales.

Lysiane Neyer, analyste politique, abonde dans ce sens. Elle estime que les femmes se positionnent en faveur de ceux (ou celles) qui prennent à cœur leurs préoccupations, en particulier sociales : emploi, accès aux soins, scolarité des enfants. "Pour les toucher, il faut toucher leurs émotions et créer du lien. Une fois que c’est fait, elles font preuve d’une loyauté incroyable. C’est ce qui, selon moi, a fait le succès de l’Union des femmes du Parti démocratique gabonais avec ses groupes d’animation", indique-t-elle.

Mme Neyer insiste : ces rassemblements n’étaient pas que festifs. "Il y avait des fournitures scolaires pour les enfants, des opportunités d’emploi… des portes qui s'ouvraient. Une fois cela acquis, elles dansaient de bon cœur et restaient mobilisées pendant des heures. "

Même lecture, ou presque, de la journaliste gabonaise et directrice de l’agence AllsudMédia, Joëlle Ededeghe Ndong. Suivant de près la campagne présidentielle, elle en décrypte les enjeux médiatiques, le positionnement des candidats et les attentes citoyennes. Pour elle, il n’y a pas de vote féminin, mais des votes de femmes. "Elles ne forment pas un bloc homogène. Leurs choix électoraux sont façonnés par leur vécu, leur environnement, leurs valeurs", précise-t-elle.

Mme Ededeghe Ndong fait observer que le vote des femmes est souvent influencé par le poids de la famille ou du clan, la promesse de stabilité après une période de crise, les bénéfices concrets attendus : aides, sécurité, soins, école, opportunités économiques. Mais, poursuit-elle, elles regarderont aussi vers la reconnaissance de leur rôle dans la société. "Elles veulent être vues comme des actrices, pas des figurantes. "

La journaliste souligne que les femmes ont aussi une certaine méfiance vis-à-vis des discours politiques. "Elles observent plus les actes que les promesses", conclut-elle.

Chantal Mindzie, politologue, va dans le même sens. Selon elle, le comportement électoral des femmes gabonaises en 2025 est marqué par des choix stratégiques et réfléchis. Pour la politologue, les femmes, influencées par leur culture politique et les rôles sociaux qui leur sont assignés, naviguent entre fidélité partisane, vote utile et abstention délibérée. De même, le charisme des candidats, leur image, leur capacité à inspirer confiance et à incarner une vision pour le pays sont autant de leviers déterminants, conclut Mme Mindzie.

Mais alors, concrètement, pour qui voteront-elles ? Difficile de se projeter dans l’intimité de l’isoloir, même si de nombreux signaux penchent en faveur du Bâtisseur. Mais il faut retenir que le vote des femmes gabonaises ne sera ni automatique, ni uniforme. Il sera pragmatique, émotionnel, stratégique. Ce sont des électrices attentives, conscientes de leur pouvoir, qui veulent des engagements clairs, concrets, tenus. Et celles et ceux qui sauront répondre à leurs aspirations pourraient bien faire basculer l’issue du scrutin.