À cinq jours de la campagne électorale pour le scrutin du 12 avril prochain, une délégation de la plus puissante organisation patronale du pays, à savoir la Fédération des entreprises du Gabon (FEG), avait été reçue au Palais Rénovation par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Conduits par son président, Henri-Claude Oyima, les hommes d’affaires du pays sont venus proposer un nouveau cadre de concertation afin de "créer un environnement plus propice aux investissements et à la croissance économique".
Une démarche qui s’est soldée par une série d’engagements pris par le chef de l’État afin de rassurer ces grands partenaires économiques qui contribuent à plus de 90 % du Produit intérieur brut (PIB).
Les patrons ont ainsi obtenu, en retour, des mesures globales qui restent à concrétiser telles qu’une gestion optimisée de la dette publique ; la réduction des barrières commerciales ; la simplification administrative ; le renforcement de la protection judiciaire des entreprises ou encore une fiscalité plus attractive.
Un timing bien coordonné, une posture gestuelle de soumission, diront certains, pour une sorte de deal gagnant-gagnant qui, pour d’autres, ne laissent aucun doute sur un adoubement du patronat gabonais envers le candidat Brice Clotaire Oligui Nguema.
"C’était une évidence. À mon avis, les patrons, notamment les membres de la FEG, sont allés apporter in situ leur soutien au candidat Oligui Nguema. Car pour eux, il ne fait l'ombre d’aucun doute qu’il sortira grand vainqueur de ce scrutin. Alors, il est mieux déjà d’anticiper sur des sujets qui tiennent à cœur le patronat, à savoir la dette intérieure, la pression fiscale… ", confie un entrepreneur. Selon lui, les membres influents du patronat ne peuvent se risquer à un bras de fer avec le pouvoir actuel en raison de nombreux intérêts qui les lient.
Au secrétariat général de la FEG, même si on se refuse à réagir sur le choix du patronat pour la présidentielle du 12 avril, on se défend d’avoir fait allégeance au candidat Oligui Nguema. "Nous à la FEG, on reste ouvert aux propositions de tous les candidats. Pour l’instant, à part le président de la Transition, nous n’avons pas été sollicités par les autres candidats. Pourtant lors des derniers scrutins, nous avions reçu des courriers de certains candidats désireux de nous rencontrer afin de présenter leur projet de société. Mais la campagne n’est pas terminée. Et nous restons ouverts à toute rencontre", indique son secrétariat général.
Pour mémoire, lors de l’élection présidentielle d’août 2016, une démarche similaire avait été entreprise par les grands acteurs du secteur privé. Avec comme seule différence : le lieu de la cérémonie. En effet, la Confédération patronale gabonaise (CPG) dirigée à l’époque par Jean-Bernard Boumah avait tenu son assemblée générale extraordinaire, le 10 août 2016 à l’hôtel Radisson Blu, avec comme invité de marque le chef de l’État de l’époque, Ali Bongo Ondimba.
Selon certains chefs d’entreprises présents à cette "cérémonie", le déroulé – à quelques jours du lancement de la campagne pour l’élection présidentielle du 27 août donnait plus l’allure, par son décor et ses discours circonstanciels, à une forme voilée d’adoubement du candidat PDG, Ali Bongo Ondimba.
"Ce Gabon dont vous avez rêvé, ce Gabon qui nous fait rêver, nous le voyons se transformer petit à petit (…). Pour vous-même Monsieur le président de la République, Que la Force d’Allah, le Tout-Puissant et Miséricordieux vous accompagne ! "avait indiqué Jean-Bernard Boumah.
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