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Société & Culture

Paul-Marie Gondjout : "La grève des magistrats ne résume pas l'action du ministère de la Justice"

Paul-Marie Gondjout, ministre de la Justice, durant l’entretien

Paul-Marie Gondjout, ministre de la Justice, durant l’entretien © DR

L'Union. Monsieur le ministre, l'actualité est dominée par la crise qui perdure dans le secteur de la Justice. Où en sont les négociations entre la tutelle et les grévistes ?

Paul-Marie Gondjout : Nous avons eu des négociations avec les syndicats des magistrats et des greffiers. Récemment, les greffiers ont été reçus par le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Tout avait été bouclé avec les greffiers, avant même qu'ils lancent leur mouvement de grève.

Toutes les revendications qui étaient les leurs, avaient déjà été acceptées. Nous avons d'ailleurs été surpris de leur grève. Mais cela ne nous a pas empêché, tout au long de celle-ci, de continuer à parler avec eux. Les greffiers réclamaient leur statut. Nous étions tombés d'accord sur un consensus. Il est dans le circuit d'adoption par le Conseil des ministres et plus tard pour le Parlement.

Ainsi, il n'y avait rien à promettre aux greffiers parce que tout était déjà réglé pour eux. Il y a eu le reclassement général de 274 greffiers quelques mois auparavant, par exemple. Avec autant d'avancées, nous avons donc été surpris du déclenchement de ce mouvement d'humeur.

Qu'en est-il des négociations avec les magistrats ?

- Nous sommes toujours en train de discuter. Le médiateur de la République travaille avec le syndicat de la magistrature. Comme il l'a fait avec les greffiers parce que c'est son rôle de médiateur. Les discussions avancent normalement. Nous attendons qu'ils nous fassent le point de ces pourparlers.

Le médiateur m'a rassuré sur le fait que tout se passe bien. Et on espère que la tension se dissipera, comme c'est le cas avec les greffiers. Nous sommes dans une période de transition, les syndicalistes doivent reconnaître que le minimum a été fait et attendre la suite des discussions.

Lorsque les échanges sont basés sur des aspects pécuniaires, il est inutile d'entrer en grève pour cela. Surtout quand le dialogue n'est pas rompu. À partir du moment où les préoccupations des uns et des autres sont prises en compte et mises sur la table, il n'y a pas de raison de maintenir la grève.

On espère que les discussions avec le médiateur de la République auront une issue favorable, d'autant que le but de celles-ci est de ramener l'accalmie…

… mais on a l'impression aujourd'hui que la crise au sein de la Justice met le voile sur le travail fait à votre niveau. Quelles sont aujourd'hui les réalisations livrées depuis votre arrivée à la tête de ce département ministériel ?

- Le ministère de la Justice travaille. Ce département n'est pas seulement composé de magistrats. S'il fallait résumer l'action du ministre de la Justice à la grève des magistrats, certains diront que le secteur de la Justice fait face à des gros problèmes. Pourtant, notre département ministériel continue de fonctionner.

Nous avons d'autres domaines dans lesquels notre action est en cours, mais nous évitons de tomber dans la dictature du buzz. Nous sommes arrivés dans un ministère où la première chose à faire était de voir les conditions dans lesquelles les hommes de la Justice travaillent.

Nous avons fait le tour des juridictions et nous nous sommes aperçus qu'il fallait améliorer l'environnement du travail du corps judiciaire. Simplement parce que nous n'avons pas apprécié ce que nous avons vu dans les tribunaux. Les conditions de travail étaient, de manière générale, exécrables. Nous avons obtenu un certain nombre de choses.

L'opinion est focalisée sur la grève des magistrats, alors qu'il y a des choses qui sont faites. Nous avons fait évoluer nos textes. Nous avons fait en sorte qu'on crée des nouvelles juridictions pour faire évoluer beaucoup de choses, pour que la détention soit améliorée.

Ce ne sera plus au seul juge d'instruction de décider du placement de quelqu'un en prison, mais ce sera plutôt trois juges, qui en collège, décideront du verdict d'un justiciable. C'est une grande avancée dans notre système judiciairee.

Il y a aussi d'autres avancées concernant le juge d'application de peines. Il s'agit du juge qui est censé suivre les peines des prisonniers. Nous avons dans nos prisons, des gens qui ont purgé leur peine, mais qui y séjournent toujours. Ce point a été pris en compte dans les éléments qui font avancer le système judiciaire gabonais.

Ces innovations nécessitent des magistrats et des greffiers formés pour ces juridictions. Nous envisageons également, avec le royaume du Maroc, de voir comment nos compatriotes, qui y sont en détention, peuvent purger leurs peines au Gabon.

Vous envisagez de rapatrier des Gabonais en détention au Maroc pour qu'ils purgent leurs peines au Gabon. Pourtant, la surpopulation de notre milieu carcéral n'est plus un secret pour personne. Où en êtes-vous justement avec le projet de construction de la prison de Nkoltang qui est censée désengorger la prison centrale de Libreville ?

- Nous avons reçu un budget de trois milliards pour la construction de la prison de Nkoltang. Ce budget ne peut pas permettre de construire une prison moderne avec toutes les commodités.

Cette prison ne sera jamais faite avant dix ou quinze ans. Simplement parce qu'il faut entre trente et quarante-cinq milliards de FCFA pour réaliser une prison qui réponde aux standards internationaux. La construction d'un nouveau pénitencier est une nécessité. Nous avons trouvé des partenaires qui sont prêts à nous accompagner dans sa construction.

Maintenant, il faut respecter quelques étapes comme passer par le ministère de l'Économie qui doit regarder la fiabilité du partenariat et ensuite soumettre le projet au président de la République qui doit le valider. Les trois milliards engagés en 2024 ont servi à faire des études.

Ce sera une prison de 2 500 places avec un Centre d'instruction des personnels de la sécurité pénitentiaire, des Centres de formations pour la réinsertion des prisonniers et un certain nombre d'infrastructures. Comme les logements pour le personnel, par exemple. Nous espérons pouvoir signer les conventions nécessaires en 2025 et lancer, dans la foulée, la construction de cette prison…

… qu'en est-il des autres provinces ?

- Mais il n'y a pas que la maison d'arrêt de Nkoltang à laquelle nous pensons. Il y a également, à Mouila, une prison de 300 places qui a été construite. Dans le cadre du budget de 2025, celle-ci sera mise en service. Nous avons également une prison en construction dans l'Ogooué-Ivindo. Il y a énormément de projets au sein du ministère de la Justice et nous nous attelons à les réaliser.

 

Propos recueillis par : Prissilia M. MOUITY & Sveltana NTSAME NDONG

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