Accueil dans les hôpitaux : les Gabonais mécontents !

Hier, alors que l'assistance était concentrée à suivre la présentation des résultats d'une enquête sur le niveau de satisfaction des patients dans les hôpitaux, le ministre de la Santé, Adrien Mougougou, s'est tourné vers une de ses collaboratrices et a éclaté de rire. Ce moment de joie, troublant en plein contexte de crise, s'est rapidement répandu parmi le personnel hospitalier présent dans le premier rang de l'amphithéâtre du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL). Pourtant, les résultats de l'enquête, réalisés au sein d'une dizaine d'établissements de santé gabonais, ne laissaient guère de place à l'optimisme. Sauf à penser que ce moment d'hilarité non contenue traduisait une grosse gêne. Soit ! 

L’enquête, effectuée du 13 au 15 décembre 2024, a révélé que près de 60 % des Gabonais n'étaient pas satisfaits de l'accueil reçu dans les CHU de Libreville, d'Owendo et au Centre régional de santé de Melen. Un constat alarmant qui souligne le décalage entre les attentes des usagers et la réalité des services fournis. Le CHUL, en particulier, semble porter le poids d'une réputation ternie, avec seulement 38 % des patients satisfaits de l'accueil. Ce chiffre est d'autant plus inquiétant qu'il est en dessous de celui de ses concurrents, le CHUO et l'hôpital de la coopération égypto-gabonaise, affichant respectivement des taux de satisfaction de 53 % et 50 % respectivement.

Les critiques fusent, notamment concernant l'accueil dans les urgences, où la question de la conscience professionnelle du personnel se pose. Les patients se demandent si le personnel est bien conscient de ses obligations dans un environnement de santé publique. Un autre point de mécontentement majeur concerne l'accès à l'information, qui a reçu les notes les plus faibles de l'enquête. Des établissements tels que Melen, le Centre de santé de Cocobeach, le CHUL et le CHUO n'ont pas dépassé 15 % de satisfaction sur ce critère. Cela révèle un manque flagrant d'informations communiquées aux patients sur leur état de santé, les coûts des soins et les praticiens disponibles pour les suivre.

Dans un contexte où le futur Code de la santé pourrait permettre aux patients de mieux s'informer sur leur état, l’issue de cette enquête est cruciale. Un des articles envisagés stipulerait que, en cas de litige, il incombe au professionnel de santé ou à l'établissement de prouver que l'information a été fournie au patient.

Les délais d'attente, un autre enjeu majeur, ont également été évalués. Au Centre hospitalier universitaire mère-enfant fondation Jeanne Ebori, 64 % des personnes interrogées ont choisi de ne pas exprimer leur opinion sur ce sujet. Ce silence soulève de nombreuses questions : crainte de représailles, acceptation tacite de la situation, ou simple résignation ? Au CHUL, malgré une réduction des files d'attente, seulement 31 % des usagers se sont déclarés satisfaits des délais d'attente avant d'être reçus par un médecin.

Les résultats varient selon les services. Au CHUO, 53 % des patients sont satisfaits des soins en maternité, tandis que seulement 13 % se disent contents des services de chirurgie. À Melen, 43 % des usagers estiment que les temps d'attente sont raisonnables, mais cette vision positive ne fait pas l'unanimité.

Dans son discours, Adrien Mougougou a souligné l'importance de ces chiffres pour l'élaboration d'un plan d'action visant à améliorer l'expérience des malades dans les hôpitaux publics. « Nous devons trouver des solutions innovantes et ces trois jours de réflexion devront nous y aider », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que les Gabonais aspirent à un meilleur accès aux soins, ce qui passe nécessairement par un meilleur accueil en milieu hospitalier. 

Cette enquête met en lumière un défi de taille pour les autorités sanitaires gabonaises : transformer les pratiques au sein des établissements de santé pour répondre aux attentes des patients. Il est urgent d'agir pour redresser la barre et restaurer la confiance des usagers