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Faits divers & Justice

Session criminelle spéciale : "Mission accomplie dans des conditions techniques satisfaisantes"

Le Procureur général Eddy Minang.

L'Union. La session criminelle spéciale, qualifiée d'historique, vient de s'achever. Quel est votre principal sentiment à l'issue de ces audiences ?

- Eddy Minang : Le sentiment dominant est celui d'une mission accomplie dans des conditions techniques satisfaisantes. La justice a pu se prononcer sur un volume significatif d'affaires, avec 19 dossiers traités. Son caractère historique tient à deux éléments fondateurs. D'une part, c'était la première fois dans notre pays que des personnalités ayant exercé les plus hautes responsabilités, à l'image d'une ancienne Première dame ou du fils d'un ancien président de la République, comparaissaient devant une juridiction criminelle. D'autre part, l'innovation majeure a été la diffusion en direct des audiences à la télévision nationale. Cela a permis à nos concitoyens d'avoir un accès direct et pédagogique au fonctionnement de l'institution judiciaire, de comprendre ses méandres et la manière dont elle rend la justice au nom du peuple gabonais, particulièrement dans le domaine sensible du crime organisé et de la délinquance financière.

L'opinion publique et certains observateurs ont parlé de justice des vainqueurs ou de procès politique. Quelle est votre réponse en tant que chef du Ministère public ?

- Notre réponse est ancrée dans le strict respect de la procédure. En tant que magistrats, notre unique boussole tout au long de cette session a été le droit positif : le Code pénal et le Code de procédure pénale. Nous avons instruit et soutenu l'accusation sur la base des éléments recueillis, sans autre considération. Les décisions rendues par la Cour le sont en toute indépendance. Dire que le droit a été dit n'est pas un slogan, c'est un constat. Les peines ont été prononcées conformément à la loi. La meilleure preuve de l'équité du processus réside dans le fait que sur les 19 dossiers, un a été purement et simplement renvoyé, car la Cour s'est estimée irrégulièrement saisie. Et un autre a fait l'objet d'une disjonction de procédure. Cela démontre que le système a fonctionné avec ses propres contrôles et garanties.

Durant les débats, des noms de personnalités non présentes sur le banc des accusés ont été cités. Cela signifie-t-il que la procédure va s'élargir ?

- Absolument ! Et c'est une suite logique et nécessaire. Il est tout à fait normal, dans le cadre d'enquêtes complexes, que des débats fassent émerger de nouveaux éléments ou mentionnent le rôle présumé d'autres individus. Nous avons noté ces citations. La justice n'est pas un processus figé. Il est impératif que ces personnes, désormais publiquement mises en cause, puissent à leur tour être entendues. Leur droit à la défense est fondamental. Il leur appartient de venir présenter leur version, de contester ou de clarifier les faits qui leur sont imputés. Conformément à la procédure, le parquet de la République sera saisi de ces nouveaux éléments. Il ouvrira, le cas échéant, des enquêtes complémentaires pour instruire ces dénonciations avant de décider, en toute opportunité, de l'éventuelle mise en mouvement de l'action publique. Je tiens à réaffirmer avec force que ces personnes bénéficient, comme toute autre, de la présomption d'innocence.

La session s'est déroulée dans un contexte particulier, avec le décès en détention de deux prévenus. Pouvez-vous nous donner des précisions sur ces événements tragiques ?

- Nous avons effectivement été informés du décès de deux détenus en novembre dernier : un ressortissant ouest-africain et un citoyen gabonais. Ces événements sont toujours tristes et font l'objet d'une attention particulière. Les investigations et les certificats médicaux ont établi que ces deux hommes sont décédés des suites d'infections médicales. Il est établi qu'ils présentaient des pathologies antérieures à leur incarcération. L'administration pénitentiaire, en collaboration avec les services de santé, assure une prise en charge médicale, mais malheureusement, l'évolution de leur état n'a pu être enrayée.

Beaucoup de condamnations ont été prononcées, parfois par contumace, et impliquent des restitutions d'argent ou des saisies de biens. Comment l'État gabonais compte-t-il faire exécuter ces décisions, notamment à l'international ?

- L'exécution des décisions de justice est une phase cruciale qui relève directement des missions du Ministère public. Nous allons déployer l'ensemble des mécanismes légaux à notre disposition. Pour le recouvrement des amendes et la saisie des avoirs identifiés sur le territoire national, les procédures civiles d'exécution seront engagées sans délai. Concernant les condamnés en fuite à l'étranger et les biens dissimulés hors de nos frontières, nous activerons tous les canaux de coopération judi ciaire internationale. Le Gabon est signataire de plusieurs conventions bilatérales et multilatérales, notamment avec la France, qui prévoient l'entraide judiciaire et la reconnaissance des décisions. Nous transmettrons les mandats d'arrêt via Interpol et utiliserons ces conventions pour localiser et geler les actifs.

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