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Faits divers & Justice

Young Team : l’épisode le plus explosif du procès

Yann Ghislain Ngoulou

La session criminelle spécialisée a vécu, hier jeudi, un des moments les plus tendus du jugement des membres de la "Young Team". Après la phase des enquêtes de moralité, les débats ont mis en lumière le rôle central de Yann Ghislain Ngoulou, présenté par l’accusation comme l’architecte d’un système de prédation des finances publiques organisé autour d’Ali Bongo et de son ls, Noureddin Bongo Valentin.

Pendant plus de quatre heures à la barre, l’homme poursuivi pour six chefs d’accusation dont blanchiment de capitaux, corruption active et association de malfaiteurs, a multiplié les contradictions, face à un procureur général dépeignant des faits accablants. Le récit qui se dessine est celui d’un pouvoir parallèle et omnipotent. Selon les éléments du dossier, Yann Ghislain Ngoulou nommait des personnes à des postes stratégiques et son in uence s'étendait bien au-delà des structures officielles. Otha Ndoumba, l’ancien directeur général des Impôts, a porté un coup sévère à la défense, en confirmant cette emprise.

" Malgré la fin du coordonnateur général des affaires présidentielles (CGAP), on nous avait toujours demandé de rendre compte, donc on recevait des instructions de M. Ngoulou ", a-t-il témoigné. Reconnaissant avoir accordé sur ordre des abattements fiscaux injustifiés de près de 10 milliards de FCFA à des sociétés comme Assala ou Gabon Telecom, sans en avoir la compétence. Pour ce faire, il aurait touché un bonus de 300 millions de francs.

Face aux accusations, la ligne de défense de Yann Ghislain Ngoulou a paru bien fragile. Interrogé sur ses liens avec Ines La Cumane, une intermédiaire supposée lui fournir de jeunes femmes, il a nié toute relation. Des déclarations contredites par des preuves matérielles versées au dossier. Sur la question sensible des visites nocturnes en cellule, le ton est monté.

L’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, avait a rmé que Yann Ghislain Ngoulou se serait introduit à plusieurs reprises dans sa cellule pour le menacer : "J’habite ta maison, je porte tes vêtements et tu prendras vingt ans de prison." Une accusation que le prévenu a catégoriquement rejetée, tout comme l'occupation du domicile de M. Alihanga à Akanda.

C’est sur le volet financier que la défense a semblé totalement s’e ondrer. La Cour a présenté un faisceau d’indices convergents vers un vaste blanchiment d’argent. Yann Ghislain Ngoulou est propriétaire de 27 studios, qu’il prétend avoir construits avec les fonds de l’entreprise de location de voitures de son épouse. L’avocat de la partie civile, Me Agondjo, a immédiatement dénoncé un mécanisme classique de blanchiment, exigeant la preuve de la légalité de ces biens.

Plus grave encore, les comptes bancaires de ses enfants mineurs étaient alimentés mensuellement par des versements de plusieurs dizaines de millions effectués par ses propres agents de sécurité et chauffeurs, peu après sa nomination. Pour justifier l’origine de ces fonds, l’accusé a invoqué le salaire de son épouse, secrétaire au Sénat. Le Ministère public a immédiatement objecté l’impossibilité matérielle de cette explication, le salaire de celle-ci n’étant que de 500 000 FCFA par mois. L’homme a également nié recevoir des virements mensuels de 5, 50 ou même 75 millions de la " société internationale de gestion ", qu’il affirme ne pas connaître, malgré les documents bancaires présentés.

La comparution s'est achevée sur l'image d'un prévenu aux abois. Ses réponses, devenues nébuleuses et incohérentes, ont forcé son propre avocat à reconnaître publiquement son manque de cohérence et à solliciter une pause pour lui permettre de se ressaisir. La crédibilité de Yann Ghislain Ngoulou sort durablement entamée à la faveur de cette journée.

La séance a été suspendue pour reprendre ce vendredi, laissant planer le lourd sentiment que le procès de la Young Team vient de toucher au coeur du système de gouvernance qui aurait prévalu sous l'ère Ali Bongo.

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