Situé au quartier Derrière-la-Prison, à proximité de la paroisse de l’Église évangélique de Gros-Bouquet, le siège du Samu social gabonais se cache derrière une grande concession. Pour y accéder, il faut d’abord emprunter une petite voie accidentée, qui semble à la fois un passage vers la guérison et un rappel des difficultés rencontrées par beaucoup. Ce mercredi matin, l’entrée de cette structure est sécurisée par des vigiles, exigeant à chaque visiteur de se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique. Une barrière symbolique qui montre l’engagement de l’établissement pour la santé de ses patients.
Dans la cour, où ambulances et véhicules des personnels soignants se côtoient, quatre tentes abritent des dizaines de patients. Des personnes âgées, des enfants accompagnés de leurs parents, et même des élèves en uniforme, tous réunis dans cet espace saturé. L’atmosphère est chargée d’une impatience palpable, amplifiée par les plaintes de ceux qui attendent des heures pour recevoir des soins. "Vraiment, c’est compliqué au niveau de la réception", déclare une mère, visiblement anxieuse pour son petit garçon.
La mise en service récente du laboratoire du Samu social a attiré un afflux de patients. Chaque jour, des centaines de Gabonais espèrent bénéficier de ces soins gratuits, et l’établissement est souvent saturé. C.N., un cadre de la Fonction publique, partage son expérience mitigée. "Il y a effectivement un souci d’organisation lors de la prise des paramètres, mais une fois orienté, le personnel soignant est efficace. La gratuité des soins est une nécessité, et j’espère qu’elle se poursuivra dans tout le pays."
Gisla, une jeune mère, est venue "faire le Saint Thomas". Elle accompagne son enfant souffrant de complications respiratoires et, après avoir entendu parler des services gratuits, elle a décidé de tenter sa chance. "Au CHU d’Owendo, les examens sont payants. Ici, on m’a dit que tout est gratuit, mais je peine à y croire", raconte-t-elle, le visage partagé entre l’espoir et le scepticisme.
L’agent administratif du Samu social, qui observe cette affluence quotidienne, explique que les patients sont orientés en fonction de leurs pathologies. "Nous réalisons une large gamme d’examens gratuitement. Nos équipes sont là pour aider la population, surtout en ces temps difficiles", précise-t-il, manifestement fier de son rôle.
Le Dr Wenceslas Yaba, conseiller spécial et chef du département santé, souligne l’importance de cette initiative. "Lorsque la santé des Gabonais est en jeu, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, agit pour le bien-être immédiat de ses compatriotes. Face à la grogne des pharmaciens, nous avons déclenché un 'plan blanc', offrant des médicaments à tous sans exception. C’est une question de protection sociale, inscrite dans notre Constitution", explique-t-il.
Pour le Dr Yaba, la gratuité des soins ne doit pas être temporaire. "Je suis peiné de faire payer les soins aux gens. Nous indiquerons le moment venu ou pas, quand il faut arrêter la gratuité des examens ici. Mais sachez que la vie d’un être humain est au-dessus de tout", insiste-t-il avec conviction. Il révèle également que son administration dispose du "plus grand parc de couveuses du pays" et d’un service d’urgence hospitalier aux normes internationales, une avancée majeure pour la santé publique.
"400 personnes ont dormi sur nos lits tout au long du mois de décembre dernier", précise-t-il, en remerciant le président de la République pour son soutien dans cette "merveilleuse aventure" dédiée à la santé des Gabonais.
Entre espoir et défis, le Samu social gabonais se dresse comme un bastion de solidarité, un lieu où souffrances et espoirs se mêlent, et où la vie d’un individu reste la priorité. Dans cet espace, chaque sourire, chaque geste de soin, devient une promesse d’un avenir meilleur pour tous.