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Sport

Anaclet-MathieuTaty : " le manque d’infrastructures adéquates et de soutien financier freine notre développement "

Anaclet-Mathieu Taty. © DR

L'Union : M. le président, depuis votre arrivée à la tête de la fédération, le 10 octobre 2020, l’athlétisme a du mal à véritablement prendre son envol. Quelles en sont les raisons ?

Anaclet-Mathieu Taty : Il faut dire que l’athlétisme gabonais fait face à plusieurs défis importants. Dès notre arrivée à la tête de la fédération, notre premier chantier a été de restaurer notre grande famille sportive longtemps plongée dans l’abîme à travers des réformes internes. Cela a conduit à la formulation d’un meilleur schéma fonctionnel et à un reconditionnement de nos athlètes tant sur le plan national qu’international. On peut notamment observer quelques progrès notables de nos athlètes qui, tant bien que mal, continuent à se battre pour l’honneur de notre pays. Mais il est indéniable que le manque d’infrastructures adéquates et de soutien financier freine notre développement.

Quelles en sont véritablement les raisons ?

La problématique qui se dégage à ce jour est le déficit criant de communication avec la tutelle. La communication institutionnelle est quasiment inexistante. Aucune grande ligne n’est fixée à chaque début de saison sportive pour aiguiller les fédérations et associations sportives, et sur le terrain c’est un désert sportif que l’on observe caractérisé par l’absence des compétitions nationales. Cette situation est aggravée par le désintérêt des opérateurs économiques nonobstant la loi sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Dans ce contexte, malgré notre volonté affichée de vulgariser, de développer et de promouvoir le sport dans toute son acception générale, les résultats restent balbutiants et insuffisants en raison des difficultés financières. En ma qualité de président de la fédération, j’ai eu la chance de visiter plusieurs pays. Certains de ces pays, moins nantis financièrement, mais ayant mis en place une véritable politique de sports qui porte ses fruits. Chez nous, quelle est l’implication d’une ville dans le processus de promotion et de développement du sport ? Quelle est l’implication de la province dans le processus de développement du sport ?

Pensez-vous être abandonnés ?

Malheureusement nous n’avons pas ce soutien sociétal, nous sommes abandonnés comme si nous étions les seuls responsables de ce développement du sport et nous nous efforçons avec ceux qui partagent notre passion pour relever ce qui peut l’être. Sans trop épiloguer sur la question, l’espace est étroit pour en parler davantage sinon il nous faudrait des pages entières, nous disons que nous avons foi au CTRI parce que le processus mis en place par lui en vue de la restauration des institutions commence par la Loi fondamentale. Une fois cette loi votée avec un oui fort, toutes les autres institutions seront restaurées et le sport, dans sa généralité, ne sera pas exempté, l’athlétisme sera disposé à apporter sa contribution pour cette réforme.

Comment comptez-vous développer l’athlétisme gabonais alors qu’il manque les infrastructures ? Sinon presque tout ?

Malgré le manque criant d’infrastructures, nous nous sommes attelés, à travers notre plan quadriennal, à organiser les éditions de détection de jeunes talents en milieu scolaire pour étoffer la masse critique des effectifs des athlètes de notre fédération en qualité et en quantité. Ce projet qui s’étend sur l’ensemble du territoire national est à sa troisième édition ; Lambaréné, chef-lieu de la province du Moyen-Ogooué, a été choisi pour abriter cette édition. Dans un horizon temporel échelonné, nous allons progressivement intégrer dans ce projet les provinces de la Ngounié et de la Nyanga. Tenant compte de la situation erratique de notre économie, les fédérations sportives nationales, réunies dans le cadre du forum (Collectif des fédérations et associations sportives), sont en train de concevoir des stratégies de recherche des fonds additionnels à travers la mise en place de Partenariats publics-privés (PPP). Avec l’élaboration des textes juridiques et réglementaires permettant d’encadrer ce secteur d’activités, force est de reconnaître que plusieurs sociétés pourraient être encouragées à s’investir davantage dans la promotion et le développement durable du sport.

Où en sommes-nous avec la piste d’athlétisme dont doit bénéficier votre fédération de la part de la World Athletics ?

Nous avons soumissionné au projet qui nous avait été présenté par la World Athletics. Notre dossier figure parmi les 10 retenus. Nous suivons de près les avancées et c’est l’occasion ici de remercier le ministère des Sports pour son implication directe lors de la constitution du dossier de candidature. Cette piste sera cruciale pour le développement de l’athlétisme dans notre pays et permettra d’abriter des compétitions sous-régionales. Maintenant, ce qu’il y a lieu de faire c’est d’attendre que tous les détails de financement de projet de la World Athletics soient finalisés.

Comment les différentes parties prenantes du système sportif gabonais peuvent-elles mutualiser les efforts pour atteindre un niveau d’implantation du sport au Gabon et ainsi garantir aux pratiquants un niveau de représentativité et de compétitivité internationale ?

Cette interrogation est renforcée grâce à un corpus explicatif sur les bonnes pratiques déjà expérimentées et obtenues auprès des associations et fédérations sportives d’autres pays africains. La réponse à cette interrogation obéit à une mise en place d’une stratégie de groupe qui vise la mutualisation des actions des associations et fédérations spor-tives nationales dans le but de participer à la construction d’une dimension communautaire plus inclusive, indispensable à la mise en commun des programmes de développement du sport au Gabon. Autrement dit, l’implémentation devra s’appuyer sur l’implication de toutes les forces vives de notre pays à travers l’élaboration d’une charte nationale du sport permettant de définir le rôle de chaque partie prenante et les interactions favorables à son développement dans notre pays.

Pour conclure, vos sportifs de haut niveau bénéficiant d’une bourse de l’État ne s’en sortent pas du tout. Savez-vous pourquoi ?

La bourse pour sportif de haut niveau est octroyée directement à l’athlète, la fédération n’a aucun regard sur son utilisation. Du coup certains athlètes en font ce qu’ils veulent. Pis, le volet sportif pour lequel cette bourse a été attribuée est relégué au second plan, ils choisissent et participent aux compétitions de bas niveau, et la conséquence est que sur 10 athlètes boursiers de l’État, un seul a réalisé les minima pour les Jeux olympiques. Lorsque nous jetons un coup d’œil vers nos voisins dont les athlètes ne bénéficient pas des mêmes avantages que les nôtres, la différence est remarquable, ils réalisent les minima avec les moyens du bord.

 

 

 

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