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Société & Culture

Tabac et jeunesse : stratégies pour un avenir sans fumée

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Dans cet entretien accordé au quotidien L’Union, Yolande Obiang Ndong, cadre en santé publique, affectée au programme national de santé mentale, de lutte contre le tabagisme, l'alcoolisme et les drogues, revient sur les défis auxquels le Gabon est confronté pour protéger les enfants de l’influence de l’industrie du tabac.


L'Union : Quels sont les principaux défis auxquels le Gabon est confronté pour protéger les enfants de l'influence de l'industrie du tabac, et quelles stratégies spécifiques peuvent être adoptées pour relever ces défis ?

Yolande Obiang Ndong : "Le premier défi auquel est confronté le Gabon, et plus particulièrement le programme national de lutte contre le tabac, est la non-mise en place de la Commission nationale de lutte contre le tabagisme. Cet organe de coordination, tel que prévu par le décret 0339, est essentiel pour structurer la lutte anti-tabac. Sa création nous permettrait de mettre en place des brigades de lutte anti-tabac pour faire respecter les différentes dispositions réglementaires contenues dans les cinq décrets déjà adoptés, appliquant la loi 006/2013 du 21 août 2013. De plus, on pourrait penser à un manque d’engagement des autorités en faveur de la lutte anti-tabac. Pourtant, la volonté politique est cruciale pour adopter des mesures efficaces visant à réduire la consommation de tabac, surtout chez les jeunes. Si les produits du tabac étaient moins accessibles, nous pourrions protéger cette jeunesse ciblée par l’industrie du tabac. Lors de son allocution du 31 mai, le Premier ministre a annoncé des mesures telles que l’augmentation des taxes sur le tabac et la réglementation de sa commercialisation. Il est impératif de ne pas permettre la vente de cigarettes dans les coins de rues ou en détail dans les quartiers. Le pays doit se doter d’un organe de coordination pour gérer efficacement toutes les activités liées au tabac."

Comment les politiques de santé publique actuelles au Gabon peuvent-elles être renforcées pour mieux prévenir l'accès des enfants aux produits du tabac et réduire l'exposition à la fumée secondaire ?

YON :"Pour le bien des générations futures, nous devons avoir des acteurs réellement engagés et imperméables aux tactiques de l’industrie du tabac, qui utilise souvent des méthodes vicieuses pour influencer les comportements. Pour prévenir l’exposition involontaire à la fumée de tabac, il est nécessaire de renforcer les mesures répressives. Les populations doivent comprendre que les textes réglementaires ne sont pas de simples slogans mais des lois appliquées. Lorsque nous rencontrons les populations, elles nous défient de voir un cas lié au tabac passer en justice. Il est crucial que les lois existantes soient respectées et appliquées pour montrer notre détermination."

Quelles initiatives de sensibilisation et d'éducation peuvent être mises en place au Gabon pour informer les jeunes sur les dangers du tabac et contrer les messages de l'industrie du tabac ?

YON : "Pour sensibiliser les populations, nous devons continuer à déployer des campagnes médiatiques de masse, particulièrement sur les réseaux sociaux, qui sont très fréquentés par les jeunes. Il est également essentiel de poursuivre les plaidoyers auprès des décideurs pour faire avancer les questions de lutte anti-tabac dans notre pays. De plus, il faut réglementer les nouveaux produits du tabac, comme les cigarettes électroniques et la chicha, qui sont de plus en plus populaires parmi les jeunes. Actuellement, ces produits sont vendus et consommés librement en raison d’un vide juridique. Le ministère de la Santé doit s'assurer que ces nouveaux produits soient soumis aux mêmes exigences que les cigarettes classiques, car ils présentent des risques similaires pour la santé."

Entretien réalisé par Line R. Alomo 

Libreville/Gabon

 

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