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Société & Culture

Restauration de la voie publique : Où est l’urgence en question ?

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HIER, le gouvernement a donc tenu sa promesse

HIER, le gouvernement a donc tenu sa promesse. Après avoir donné un délai de 48 heures aux commerçants occupant illégalement la voie publique, accotements et terre-pleins centraux à Libreville, Akanda, Owendo et Ntoum, il a fait démolir des installations en commençant par la zone dite du PK 12. Puis viendront progressivement les autres secteurs du Grand Libreville.

Cette opération est louable. Désormais, les trottoirs seront rendus aux piétons, entre autres. Mais elle oblige à soulever trois observations. La première, même si la dénomination a changé, est que ce n'est pas la première fois que cette croisade est menée contre les commerçants dits illégaux. En effet, cela fait des années que cette opération "Libérez les trottoirs" est menée. Depuis 2006, la police, la mairie de Libreville ou encore des ministères s'évertuent à rendre la voie publique accessible aux usagers. Sans grand succès jusqu'ici. On se demande donc à quoi va servir cette énième sortie si les problèmes de fond ne sont pas résolus.

La deuxième, qui découle inévitablement de la précédente, est que ce sont les mairies qui sont à l'origine de ce désordre. En imposant et en percevant des taxes chez tous les commerçants (friperie, produits frais, etc.), ces entités permettent ainsi l'occupation illégale des zones publiques. Pour montrer le sérieux de l'opération, il fallait d'abord rappeler à l'ordre ou sanctionner les mairies coupables avant de se tourner vers les pauvres vendeurs. Ces derniers étant avant tout, les victimes d'un système bien huilé.

La troisième observation est que cette opération est une nouvelle preuve de l'échec de l'urbanisation du Grand Libreville. Le gouvernement aurait dû tout faire pour garder la main sur la construction des espaces marchants publics. Cela aurait permis de faire respecter un cahier des charges minimum concernant essentiellement la trame des installations de vente, leur alignement, ainsi qu’une certaine sectorisation des produits vendus. L'étude d'Edna Gyrelle Tsoungui-Moukala, rédigée en 2018, sur le phénomène des marchés informels à Libreville nous apprend qu'il n'existe que 8 marchés légaux. Contre 13 espaces marchands illégaux. Des données qui soulignent l'échec du gouvernement sur la question.

À cause du Covid-19, tous les commerçants veulent sortir de la crise. L'allègement des mesures restrictives avait apporté une éclaircie, mais voilà que le même gouvernement vient de décider d'ajouter de la détresse à la détresse ambiante. Où était donc l'urgence, peut-on se demander ?



Serge A. MOUSSADJI



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