L'UNION : Qu'en est-il de la stratégie que vous venez d'élaborer avec la mairie de Libreville ?
David Mbourounkounda : Il s'agit d'une stratégie d’appui et de renforcement des recettes déclinée sur trois paliers. Un premier niveau où nous avons fait une introspection sur le fonctionnement de la mairie : ses textes, son organigramme, ses fonctions et ses nouvelles prérogatives. Un deuxième niveau où nous avons extrait les chaînes de valeur les plus importantes qui impactent sévèrement à la fois les opérations de la mairie, les services aux usagers, ses recettes et ses dépenses portées naturellement par la direction générale des finances. Enfin, un troisième niveau où nous avons revu les projets gouvernementaux en cours comme le Programme d'appui au secteur des infrastructures du Gabon (Pasig), le Projet d’appui à la diversification de l’économie gabonaise (Padeg) et leurs plans de passation de marchés. Ce qui a permis d’étudier l’éligibilité des activités extraites desdites chaînes de valeur, avec un focus sur les recettes et les services générateurs de revenus.
Que va-t-elle apporter comme innovations ?
Sur une cinquantaine d’activités initialement désignées, nous en avons retenu 27. Seules les activités capables de dégager des recettes ont été choisies. Ainsi, cette stratégie va-t-elle permettre à la mairie de se réapproprier son espace communal à travers des nouveaux services qui contribueront à encourager les opérateurs économiques, à améliorer l’attractivité de la ville, à sécuriser les usagers et à tisser un nouveau lien social avec les administrés. Derrière, il y a une chaîne de recettes qui fait référence au processus par lequel les fonds publics, principalement issus des recettes fiscales, redevances, taxes et autres types de revenus, sont collectés, gérés et comptabilisés.
Qui assurera son financement ?
Nous avons choisi le Padeg, car les 27 activités sus-évoquées se rapprochent de son objet. Aujourd’hui, nous nous organisons pour répondre aux besoins de la mairie, en travaillant sur l’éclosion de nouveaux services municipaux et nous sommes en plein processus d’adhésion avec tout ce que cela comporte. Vu le nombre important d’activités, il y a une autre approche pour aménager les voiries avec un processus plus élaboré dans la gestion des déchets, un processus complet sur les fourrières, la gestion des cimetières, la réhabilitation des bâtiments, la création de centres d’analyses médical et phytosanitaire, les parkings et les toilettes publiques payantes, la digitalisation des activités, la révision des opérateurs économiques, ainsi que la gouvernance institutionnelle, législative et économique, pour ne citer que cela.
Est-ce un pas vers la décentralisation effective ?
Pour évaluer les capacités dans les activités de la mairie de Libreville, il est important de comprendre la manière dont les ressources humaines, matérielles et financières sont allouées et utilisées pour ré- pondre efficacement aux besoins des citoyens. Une telle évaluation vise à mesurer la performance actuelle, à identifier les points forts et les faiblesses, et à proposer des actions d'amélioration. Tout cela doit être fait en amont pour être autonome. À cela s’ajoutent les différents transferts de compétences. Je pense que la mairie doit gagner en autonomie, développer des recettes et, pourquoi pas, aller vers des recettes des financements, dégager de la rentabilité. C’est aussi cela qui caractérise une administration forte.