Portée par l’ambition de donner à la société civile une voix forte dans les institutions, La Majorité bloquante avait nourri de grands espoirs pour les élections législatives et locales de 2025. En se réclamant de l’article 7 de la Constitution qui reconnaît la société civile comme pilier de la démocratie participative, cette plateforme citoyenne conduite par Geoffroy Foumboula Libeka Makosso visait une percée inédite au Parlement et dans les collectivités locales.
À la clé, le projet "Conquête citoyenne". Un programme structuré autour de 73 propositions de loi, 13 enquêtes parlementaires prioritaires, 5 missions de contrôles parlementaires prioritaires ainsi que 10 amendements prioritaires à la loi de finances mais aussi, une volonté affichée de "faire chauffer" l’hémicycle.
L’objectif n’était pas symbolique mais stratégique : peser dans les débats et introduire de nouveaux rapports de force, en dehors des circuits partisans. Sur le papier, la démarche était ambitieuse. Dans les faits, les résultats ont été décevants. Malgré 19 candidatures aux législatives et 18 candidatures aux locales dont 6 sur 6 candidatures pour la conquête de la Mairie de Libreville, "La Majorité bloquante" n’a obtenu qu’un seul siège à l’Assemblée nationale, avec l’élection d’Augustin Lobelle Yembi, élu député au second tour, avec 60,39 % des voix dans la Lolo-Bouenguidi. Un succès isolé, loin de la vague espérée. Aux locales, seuls deux conseillers municipaux ont été élus à Franceville. Une percée marginale qui contraste fortement avec l’élan initial.
Loin de "bloquer" le système, la plateforme citoyenne semble pour l’heure s’être heurtée à ses limites. Le message engagé n’a pas suffi à convaincre un électorat sans doute encore attaché aux repères traditionnels, plus forcément en phase avec une communication axée sur la confrontation, "le Parlement va chauffer", qui a pu rebuter une partie de l’électorat en quête de solutions concrètes plutôt que de slogans de rupture.
Le rêve d’un Parlement bousculé par la société civile s’efface donc. Du moins partiellement. Geoffroy Foumboula espère désormais la création d’un groupe parlementaire avec les autres indépendants élus, pour maintenir vivant le débat démocratique. Une bataille de longue haleine pourrait s’annoncer et si la dynamique participative ne doit pas "mourir dans l’oeuf", selon Cédrique Armando Tchissambou Tchissambou, le pari est manqué. La société civile devra se réinventer pour mieux exister dans un paysage politique encore largement ancré dans des pratiques qui lui sont propres.
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