La célébration de la Journée Mondiale de la Télévision, cette année placée sous le thème « Les contenus de qualité », met en lumière un paradoxe amer pour la télévision gabonaise. Bien que ce média ait été un pilier de notre culture et de notre société durant ses 60 ans d'existence, il peine à séduire un public de plus en plus désabusé par des programmes jugés non engageants. Ce désamour croissant des téléspectateurs met en exergue des problématiques fondamentales : le manque de soutien des partenaires privés et une gestion opaque des fonds collectés via la Redevance audiovisuelle et cinématographique (RAC).
Des émissions phares comme « Dieu en question » ou le talk-show « On est chez vous » illustrent ce manque de soutien. Malgré leur popularité, ces programmes ne bénéficient d'aucune aide extérieure, contrairement à d'autres pays comme la Côte d'Ivoire, où les initiatives audiovisuelles sont dynamisées par des partenariats fructueux. Ce contraste soulève des interrogations sur les priorités des acteurs du secteur et sur l'absence d'une stratégie claire pour revitaliser le paysage audiovisuel gabonais.
Dans son discours, Mme Laurence Ndong, Ministre de la Communication et des Médias, a souligné l'importance des productions audiovisuelles pour le développement de la société. Elle a rappelé que la télévision est à la fois un miroir de nos identités et une fenêtre sur le monde. Cependant, ces belles paroles doivent se traduire par des actions concrètes pour soutenir la création et la diffusion de contenus de qualité. Le défi est immense : il s'agit de reconquérir un public en quête de programmes qui résonnent avec ses aspirations et ses valeurs.
La question de la gestion des ressources issues de la RAC est également cruciale. Les fonds collectés semblent disparaître dans un flou opaque, laissant les créateurs de contenu et le public dans l'incertitude. Comment ces ressources sont-elles utilisées pour promouvoir la création audiovisuelle ? Sans transparence ni communication sur l'utilisation de ces fonds, la confiance des téléspectateurs et des professionnels du secteur risque de s'éroder davantage.
Pour redonner goût à la télévision gabonaise, il est impératif d'engager un dialogue entre les acteurs du secteur, les entreprises privées et les autorités. Ensemble, ils doivent œuvrer à la mise en place d'une stratégie claire qui soutienne la production de contenus de qualité, tout en garantissant une gestion transparente des ressources. La télévision peut encore jouer un rôle clé dans notre société, mais cela nécessite un engagement collectif et des actions concrètes pour rétablir la confiance des téléspectateurs.
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