Josiane Maténé : « avec plus de 15 millions de dettes au terme de la 10e édition tout stopper était la dernière option »
Propos recueillis par : Rudy HOMBENET ANVINGUI
Vous venez d’annoncer la fin des Sambas professionnels après 11 ans d’existence. Quelles sont les raisons de cette décision ?
Josiane Maténé Delongueur: « Les Sambas Professionnels c’est une grosse machine logistique (billets d’avion, visas des professionnels, hébergement, transport locale, espace et équipement de formation, restauration des professionnels et des participants, l’équipe et les bénévoles). Ceci nécessite un budget que nous n’arrivons malheureusement pas à trouver depuis 11 ans malgré notre volonté et détermination à faire bénéficier à la jeunesse gabonaise des opportunités via la formation donné par des modèles de réussite pour réduire le chômage, permettre une montée en compétences et donner des outils de professionnalisation et création d’entreprise, de bonne gouvernance, développer la confiance en soi et renforcer le leadership des bénéficiaires. C’est un espace d’opportunités et de réseautage ».
L’union : Vous parlez de budget. Comment s’organise chaque édition ?
« L’événement en lui seul porte 5 étapes : Cérémonie d’ouverture en présence des autorités, coachs, partenaires et institutions.
Puis il y a les Ateliers de formation (5 jours avec des pauses déjeuners et café pris en charge par l’organisation pour les plus de 308 participants). Il y a aussi les Masterclass pour les professionnels et les responsables administratifs.
Comptons aussi la Cérémonie de clôture et de remise des attestations à plus de 254 participants. J’allais oublier le Dîner de gala caritatif et de gratitude, suivi d’une remise de prix Pape Diouf et Amobe Mevegue pour remercier les institutions, les entreprises, les personnalités et nos ambassadeurs (anciens participants qui impactent leur environnement)
A combien s’élève la dette qui vous assaille aujourd’hui ? Combien vous coûte l’organisation d’une session ?
« 194 591 000F CFA c’est le budget de la dernière édition qui a eu lieu du 24 au 29 juin à Libreville dont l’apport est reparti comme suit :
- 20 % apport de l’ONG Sambas-Labs
- 40 % Inscriptions des participants
- 30 % partenaires
- 10 % Mécènes
Le problème que nous avons c’est au niveau des participants et partenaires car 60% des participants viennent gratuitement, 50% des partenaires font échange marchandise, 30% des partenaires ne respectent pas leurs engagements, 10% donnent la moitié de ce qu’ils sont censés payer et seuls 10% respectent leurs engagements.
*Ce qui fait qu’on sort de l’édition endetté*. »
Mme Maténé la dette à laquelle vous faites allusion ne date pas d’hier ?
« Bien évidemment que non. Cette dette date de 2016, quand l’ État via le Ministère de la Jeunesse et des Sports s’est engagé à accompagner Les Sambas à hauteur de 38 millions (billets d’avion, hébergement, transport locale et restauration des professionnels) qu’il n’a jamais respecté. Les anciens participants avaient à cette époque contribué en cotisant 500 000F chaque mois pendant 4 mois lorsque j’avais été interpellé à la DGR par nos prestataires de l’époque (malheureusement les contributions s’étaient arrêtées au bout du 4 ème mois et depuis lors c’est nous organisateurs qui épongeons cette dette) ».
Que faut-il faire pour sauver ce projet ? Pouvez-vous faire le bilan de ces 11 ans d’existence ?
« Le bilan est clair. En 10 éditions on compte 2121 bénéficiaires à 90% gabonais vivant au Gabon;
10 parrains de renommée (Didier Drogba, Harry Roselmack, Christine Kelly, Pape Diouf, Manu Dibango, Patrick MBOMA, Joelle Ndong, Marie Philomène NGA, Docteur Massamba Gueye, Sylvere Boussamba); Nous avons plus de 127 professionnels de renom du Gabon et à l’international et plus de 52 médias nationaux et internationaux par édition. En 10 ans on compte plus de 92 ateliers et masterclass et plus de 240 jeunes gabonais (bénévoles et équipes) pour l’organisation. Je n’oublie pas les 112 prestataires de services impliqués au Gabon ».
Comment peut-on sauver les Sambas professionnels ?
« Pour sauver le projet il y’a 2 étapes: premièrement Éponger les dettes (l’Etat, les personnes de bonnes volonté ou le geste de gratitude des bénéficiaires). Ensuite pour la deuxième étape, nous souhaitons pour les prochaines éditions que l’Etat accorde une subvention, que les entreprises via leur RSE s’engagent réellement, l’engagement des mécènes et les bonnes volontés qui voient en cette initiative un essor vers la félicite pour la réduction du chômage, la montée en compétences et la professionnalisation ».
Avez-vous des perspectives ?
« Sans une action forte de l’état, des autorités et un accompagnement réel nous n’y voyons aucune perspective sauf si un autre pays décide de prendre Les Sambas Professionnels ».