Formation professionnelle : Philippe Tonangoye face à un défi monumental

Depuis cinq mois, les centres de formation professionnelle du Gabon sont en proie à une crise sans précédent. C'est au cœur de cette situation critique qu'a été nommé Philippe Tonangoye, qui a pris ses fonctions il y a deux semaines, dans l'espoir de redresser la barque. Pour comprendre les racines de ce blocage, le ministre a rencontré hier les partenaires sociaux. Les résultats de cet échange sont alarmants : le manque de matière d'œuvre, le non-paiement des vacations, et une insuffisance d'équipements pédagogiques sont autant de freins à la formation des jeunes.

Prenons l'exemple du centre Basile Ondimba, où 49 stagiaires en informatique doivent se partager… 4 ordinateurs ! Les dysfonctionnements au sein des centres sont également criants, avec des problèmes d'accès à l'eau, d'électricité, de fibre optique et des sanitaires hors service. Face à ce tableau inquiétant, Tonangoye propose un plan d'action ambitieux.

Parmi ses priorités, il s'engage à régler d'urgence la question des vacations afin de permettre le retour des formateurs. Il souhaite également harmoniser les textes réglementaires encadrant la formation professionnelle, concevoir des programmes adaptés aux besoins du secteur, et réformer la gestion administrative en remplaçant certaines figures clés au sein du ministère.

Sa méthode de travail, baptisée MAC (maintenir, améliorer, changer), vise à redresser durablement le secteur. "Nous devons maintenir ce qui fonctionne, améliorer ce qui peut l’être, et changer ce qui freine notre développement," déclare-t-il. Cependant, l'optimisme affiché par le ministre est tempéré par le scepticisme des syndicalistes.

Ces derniers posent des conditions claires avant de reprendre les formations : approvisionnement en matière d'œuvre, paiement des vacations, et amélioration des conditions de vie pour les enseignants et les stagiaires. Dans ce contexte, il reste à voir si Philippe Tonangoye parviendra à obtenir un état de grâce de la part des syndicats. La route est semée d'embûches, mais le succès de sa mission pourrait bien dépendre de sa capacité à répondre aux attentes des acteurs du secteur.