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Société & Culture

Éducation : menaces de nouveaux troubles de l'année scolaire

Une vue des membres du Sena votant à l’unanimité le dépôt du préavis de grève.

Après avoir annoncé la couleur au début du mois d'août en prévenant les autorités d’un éventuel mouvement susceptible de provoquer de sérieuses perturbations sur la rentrée des classes 2025-2026, le Syndicat de l'Éducation nationale (Sena) est (re)passé hier à l'offensive, en déposant officiellement un préavis de grève au cabinet du ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Instruction civique et de la Formation professionnelle, Camélia Ntoutoume-Leclercq. La décision a été prise mercredi à l’unanimité, lors d’une assemblée générale élargie réunissant délégués d’établissements, membres du bureau provincial de l’Estuaire et responsables nationaux dudit syndicat.

Trois points étaient inscrits à l’ordre du jour de ladite réunion : la régularisation des situations administratives, la nomination des responsables d’établissement et la décision sur l’éventuelle entrée en grève. Dans son intervention, le secrétaire général intérimaire (SGI) de cette structure qui représente la première force syndicale du secteur de l’Education dans le pays, Magloire Memiaga, a dénoncé, une nouvelle fois, le décalage entre les promesses ministérielles et la réalité. "Malgré les engagements pris par les ministres du Budget et de la Fonction publique, a-t-il déclaré, les effets financiers escomptés ne sont jamais venus. Une fois de plus, nos espoirs ont été déçus."

Le Sena reconnaît, toutefois, que depuis l'ère de la Transition amorcée le 30 août 2023, le secteur éducatif a connu plusieurs avancées qu'il salue. Citant pêle-mêle l'octroi au secteur Education de plus de 1 000 postes budgétaires, la réhabilitation de plusieurs établissements scolaires, le rétablissement des bourses d’études aux apprenants méritants et la transformation des Écoles normales supérieures en Instituts de formation des personnels. Autant de manifestations de bonne volonté que le Syndicat de l'éducation nationale qualifie de "positives" et d'une volonté politique de redonner du souffle au système éducatif gabonais.

Toutefois, le Sena estime que ces progrès n’ont pas suffi à masquer des "insuffisances structurelles" qui, selon lui, paralysent le secteur. Il en veut pour preuve : "l’insuffisance budgétaire qui limite les investissements dans les infrastructures et les réformes pédagogiques". Et rappelle également que de nombreux enseignants vivent dans une situation administrative précaire. Laquelle se traduit parfois par l’attente de titularisation depuis plus de cinq ans, sans salaire régulier ni perspectives de carrière. "Cette précarité institutionnalisée, nous n’en voulons plus", martèle le SGI.

Au cours des dernières semaines, la ministre de l’Éducation nationale a multiplié les concertations avec les syndicats sous tutelle pour préparer la rentrée scolaire 2025-2026. Camélia Ntoutoume-Leclercq avait d’ailleurs jugé positif le bilan de l’année écoulée, en mettant en avant les efforts en matière d’examens, de réformes pédagogiques et d’infrastructures.

Admettant cela, le Sena insiste néanmoins sur deux points restés sans réponse : la régularisation des situations administratives et la nomination des responsables d’établissement. "Les dernières grandes nominations datent de 2019 et n’avaient pas répondu aux attentes. Aujourd’hui, plusieurs établissements se retrouvent sans chef, ce qui compromet la gouvernance et ralentit le fonctionnement du système", dénonce Magloire Memiaga.

En déposant le préavis de grève, le Syndicat de l'Éducation nationale en appelle désormais à l’arbitrage du chef de l’État et du gouvernement, afin d’obtenir des réponses claires pour éviter une année scolaire turbulente. "Il ne s’agit pas de bloquer l’école pour le plaisir, mais de donner un avenir à l’Éducation nationale", a-t-il précisé pour rassurer. Avant d'appeler les syndiqués membres à rester vigilants et mobilisés.

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