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Politique

Dépenser pour construire : plaidoyer pour une dépense publique créatrice de richesses

Dépenser pour construire : plaidoyer pour une dépense publique créatrice de richesses. © DR

Alors que la réduction des dépenses publiques semble s’imposer comme un impératif budgétaire, qu'il me soit permis, du contenu de cette modeste contribution, de rappeler que toute dépense n’est pas mauvaise par essence. En effet, bien pensée, la dépense publique est un outil stratégique de création de valeur et de transformation économique.

Dans le débat budgétaire qui anime nos finances publiques, une idée fausse revient trop souvent : celle selon laquelle la dépense publique serait, par nature, une charge. Cette perception purement comptable, parfois teintée d’idéologie, occulte une vérité fondamentale : lorsqu’elle est bien orientée et bien gérée, la dépense publique est un puissant levier de création de richesse.

Au lieu de nous interroger uniquement sur les dépenses à supprimer, il serait plus judicieux de se poser une autre question, plus pertinente  : pourquoi dépensons-nous ? et dans quel but ? La réponse est toute simple : la qualité d’une dépense publique ne se mesure pas à son volume, mais à son utilité. Et trois critères, bien connus des praticiens et économistes, permettent de l’évaluer : Efficacité, Efficience et Effectivité. - L’efficacité désigne la capacité d’une dépense à atteindre les objectifs fixés.

- L’efficience mesure le rapport entre les résultats obtenus et les moyens mobilisés. - L’effectivité observe les effets concrets sur les citoyens et le territoire. C’est selon ces principes que la budgétisation par objectif de programme (BOP), à travers plus précisément les programmes annuels de performance (PAP) et les rapports annuels de performance (RAP), en vigueur chez nous au Gabon depuis le 1er janvier 2015 a été conçue. Chaque franc engagé doit être justifié par une mission claire de l’État.

Prenons un exemple concret : le programme de réhabilitation des voiries urbaines à Libreville, dans le 2è arrondissement notamment, a permis de désenclaver plusieurs quartiers tels que Bangos, Alibandeng et le carrefour IAI. Cela a relancé les activités économiques locales, facilité l’accès aux services publics et renforcé la valeur des biens immobiliers. Cette dépense publique, loin d’être une perte, a généré des effets positifs durables.

Autre illustration: la numérisation du système fiscal et budgétaire, engagée depuis 2017 et qui a connu une nette accélération en 2023-2024, a permis une amélioration sensible de la mobilisation des recettes et de la transparence. Les gains en productivité, la réduction de la fraude et la confiance restaurée entre l’État et les contribuables en sont des preuves concrètes.

Enfin, les dépenses sociales ciblées – cas de l’accès gratuit aux soins primaires pour les enfants et les femmes enceintes –, ont eu un impact mesurable sur les indicateurs de santé. Là encore, les bénéfices dépassent largement le simple coût comptable. Loin d’être une lubie, cette approche s’appuie sur des fondements théoriques solides. John Maynard Keynes, dans les années 1930, a démontré que dans un contexte de sous-emploi, l’État doit jouer un rôle contracyclique, injecter de la dépense pour stimuler la demande, créer des emplois et enclencher un cercle vertueux de croissance.

Aujourd’hui encore, de nombreux pays, notamment en Afrique, s’inspirent de cette logique pour financer les infrastructures, moderniser l’administration et soutenir la transition énergétique ou agricole. Le Gabon, notre pays, dans ses ambitions de diversification économique et d’inclusion sociale, a lancé depuis 2023, grâce à la vision du président Brice Clotaire Oligui Nguema, un vaste programme d’investissement.

C'est dire que l’investissement public, s’il est stratégique et rigoureusement suivi, reste un outil indispensable de transformation économique. Il ne s’agit pas de défendre une dépense publique laxiste ou non contrôlée. La rigueur budgétaire reste nécessaire, mais elle doit être orientée vers la qualité plutôt que la réduction mécanique. Dépenser mieux, pas forcément moins, tel doit être notre cap.

L’exigence de résultats, la lutte contre les doublons, la digitalisation des processus et l’évaluation systématique des politiques publiques sont les conditions d’une dépense publique responsable et porteuse de développement. Réconcilier les citoyens avec la dépense publique, c’est leur montrer que l’argent public bien utilisé est une richesse commune, pas une perte. C’est leur démontrer que l’État, loin d’être un centre de coûts, peut et doit être un moteur d’investissement et de progrès collectif.

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