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Enquête

Corps abandonnés au Chul : défaillance des procédures ou irresponsabilité familiale ?

Corps abandonnés au Chul : défaillance des procédures ou irresponsabilité familiale ?

Quinze (15) corps abandonnés à la morgue du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) depuis six mois. Le communiqué paru aux Petites annonces (PA) de vendredi dernier à "L'Union", à l'initiative de la Direction générale de cette structure hospitalière publique, mentionne des corps identifiés et non identifiés, et invite de ce fait les parents ou toutes personnes les reconnaissant ou à la recherche de leurs proches de se rapprocher de l'établissement pour identification et récupération des dépouilles jusqu'au 5 octobre 2024.

Passé ce délai, ces cadavres devenus encombrants pour l'hôpital seront inhumés à titre indigent. Mais comment en vient-on à une telle situation si tant est que tous les patients, sinon la plupart d'entre eux qui arrivent à l'hôpital, en urgence ou non, sont accompagnés par leurs familles ou amis ? Sont- ils régulièrement enregistrés ? Prend-on les contacts de leurs accompagnateurs ? Comment expliquer que pour des corps notoirement identifiés par exemple, l'on ne parvienne pas à retrouver leurs familles ? N'existe-t-il pas un fichier d'identification des personnes qui accompagnent les malades ? Serait-ce l'incapacité de régler les factures des soins administrés aux clients avant leur mort qui conduit les parents à abandonner leurs morts ?

Autant de questions qui demeurent pour l'instant sans réponses. D'autant plus que les services compétents du CHUL, contactés vendredi par L'Union, lui ont brandi l'argument selon lequel la hiérarchie de l'hôpital ne les a "pas autorisés à parler". Même si quelques sources rencontrées au sein même de la structure médicale ont laissé entendre que la plupart des patients non identifiés, victimes parfois d'accidents de la circulation ou d'agressions, sont déposés au service des urgences par des accompagnateurs souvent anonymes. "Même s'ils laissent les numéros, quand le patient décède, au moment de les contacter ils deviennent in- joignables", indique-t-on. Les défunts identifiés auraient donc pu bénéficier d'un meil- leur traitement si l'on considère que leurs familles sont connues.

A ce titre, en sus de leurs identités, il suffirait par exemple de publier aussi les noms de leurs parents, de manière à ce que ces derniers assument pleinement leurs responsabilités dans l'organisation des obsèques de leurs disparus. En effet, que sont donc ces familles qui abandonnent les leurs des mois durant au froid ? La société gabonaise est-elle devenue si indifférente au respect souvent dû aux morts ? Abandonner un corps en refusant de le conduire avec dignité à sa dernière demeure, n'est-ce pas là une manière de bafouer la condition humaine ? La déliquescence des valeurs morales serait-elle ainsi désor- mais actée au sein des familles gabonaises ?

Osons croire que le communiqué du CHUL fera réagir les parents afin que les quinze défunts soient inhumés digne- ment. Dans le cas contraire, suggère une source médicale, il faudrait envisager l'ouverture d'une enquête permettant de remonter jusqu'aux familles des disparus, et principalement ceux notoirement identifiés. La responsabilité familiale doit être pleinement engagée pour que cesse enfin cette forme de délinquance sur fond de déshumanisation de la société.

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