La récente concertation sur les réformes paramétriques de la sécurité sociale a révélé un fait pour le moins inédit au Gabon : beaucoup agissent contre les intérêts de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). C'est une évidence. Sinon comment justifier l'incapacité des dirigeants et/ ou des autorités de tutelle de l'ancien régime à mettre en application les recommandations issues des audits et autres études pourtant commandées à coup de plusieurs milliards de francs ?
Manifestement, il y a eu un manque de volonté politique, selon des sources proches du dossier. Et la situation s'est enlisée. D'où la question de savoir qui souhaitait donc la mort du "mammouth" ?
Au cours d’une journée de concertation destinée à réfléchir sur les réformes nécessaires et urgentes à engager à la CNSS, organisée mardi passé à Libreville, sous l'arbitrage du gouvernement représenté par la ministre des Affaires sociales, Nadine Nathalie Awanang-Anato, l'on a en effet appris que la CNSS accuse un net recul de son activité depuis 20 ans. Sauf que, durant cette période, au moins trois études actuarielles (2005, 2021 et 2024) ont été réalisées, notamment par le cabinet marocain Finactu.
Lesdites études ont fait les mêmes constats, mais aussi émis des recommandations qui n'ont jamais été mises en œuvre. Particulièrement en ce qui concerne le régime des pensions retraite dont le taux de cotisation reste à 2,5 % depuis la création de la CNSS. "Avec la hausse du chômage et d'autres problèmes conjoncturels, ce taux subit une pression qu'il ne peut supporter. La solution serait de l'augmenter", suggère Louis-Jocelyn Ngoma de la Coalition des syndicats de la CNSS.
Or, une des études actuarielles recommandait d'élever le taux de cotisation à 16 % pour la soutenabilité de la Caisse. Même si cela restait inférieur au taux appliqué à la Caisse des pensions et des prestations familiales (CPPF) des agents de l'État ; lequel est passé de 18 à 25 %, grâce à une réforme paramétrique.
De nombreux experts expliquent que le lien entre le faible taux de cotisation et la hausse du chômage est que les demandeurs de pensions sont aujourd'hui plus nombreux que les cotisants. En principe, le nombre de salariés doit être conséquent pour financer les retraités. Simplement parce que dans le système par répartition appliquée au Gabon, ce sont les travailleurs actifs qui financent les pensions des retraités.
Pour Louis-Jocelyn Ngoma, "quand quelqu'un va à la retraite, un autre devrait le remplacer normalement à son poste, avec les mêmes acquis sociaux pour pouvoir équilibrer le niveau de cotisation". Malheureusement, ce n'est pas ce qui est fait. Et la CNSS en pâtit en attendant des décisions politiques plus conformes à la réalité. Le gouvernement est donc mis devant ses responsabilités.
random pub


