Depuis que les résultats du référendum ont été rendus publics, une polémique dont on se serait bien passée autour des chiffres, prend à nouveau corps dans le pays, nous ramenant quelque peu aux contestations qui ont émaillé les élections dans notre pays au cours de ces dernières décennies.
La dernière qui cristallise les passions est liée au taux de participation de 54,34% de la consultation directe du 16 novembre, niveau qualifié de tronqué par le camp défait du "Non", lequel trouve là, et c'est de bonne guerre, un moyen subtil de jeter le discrédit sur l'organisation et, plus généralement sur l'issue de ce scrutin référendaire, le deuxième depuis l'avènement de la démocratie dans notre pays en 1990.
Alors même que, malheureusement pour eux, les observateurs internationaux ne l'ont pas remis en cause, l'interprétation ou encore l'analyse des tenants de cette démarche contestataire vise aussi à assimiler ce degré moyen d'implication des Gabonais, à un refus pour ces derniers de cette Constitution, et par extension, un désaveu pour les autorités qui l'ont porté. Cela, malgré le score de 91% enregistré dans l'ensemble. Les facteurs ou raisons "mécaniques" et objectifs pouvant être à l'origine de cette abstention étant pris en compte au gré de leur appréciation partisane.
Néanmoins, l'histoire électorale de notre pays, laisse apparaître de 2009 à 2024 une constante qui permet de mieux cerner, de manière objective, le phénomène de l'abstention découlant d'une participation peu ou pas explosive, car au fil des scrutins organisés, les Gabonais ne se sont rendus en masse aux urnes. Lors de la présidentielle anticipée suite au décès d'Omar Bongo, alors qu'au vu du panel important des candidats à cette élection, on pensait que les électeurs se rendraient massivement aux urnes, seuls 357 605 votants sur les 807 402 inscrits l'ont fait.
Soit, 44,29% de participation. L'élection suivante, les législatives du 17 décembre 2011, boycottées par une frange de l'opposition, se soldera davantage par un fort recul, puisque seuls 34,28% marqueront l'implication des électeurs sur les 745 645 inscrits.C'est sans doute au vu de ces chiffres et, surtout, la volonté des acteurs politiques de faire évoluer les règles et outils du vote, que sera instaurée la biométrie. Sauf que si le nombre des inscrits a connu entre-temps une régression passant à 627 805 lors de la présidentielle du 27 août 2016, cette élection majeure connaîtra la participation la plus haute jusque-là, avec 59,46%.
Ce qui est déjà perçu comme une évolution sans pour autant que cela suffise pour affirmer l'engouement fort des Gabonais à exprimer leur choix pour celui qui devait diriger le pays pour les cinq années suivantes. Deux ans plus tard, la tendance restera quasiment identique lors du scrutin jumelé (législatives et locales) des 6 et 27 octobre. On enregistrera seulement un peu plus de la moitié des inscrits dans les bureaux de vote, le taux de participation à 58,68%, encore moins, lors de la présidentielle de 2023 avec 56,64% selon des éléments à notre disposition.
Finalement, il y a lieu de dire, au regard de ce faible engouement pour les urnes observé chez les Gabonais, que leur participation moyenne au récent référendum n'a rien d'étonnant. La surprise aurait été de les voir, malgré la spécificité de la consultation populaire, davantage dans les urnes. Ce qu'ont inévitablement souhaité aussi bien les tenants du "Oui" que ceux du "Non". D'où la nécessité de s'imposer une prudence quant aux conclusions hâtives et tendancieuses.