La Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) au Gabon a donc annoncé, le 21 août dernier, la fin de son partenariat avec le groupe burkinabé Ebomaf, qui avait obtenu en février 2024 une concession de 20 ans pour gérer et moderniser les activités de la CNNII. Notamment le transport maritime entre Libreville et Port-Gentil. Il a juste fallu un an an et demi pour que les deux entités finissent par se quitter à l'amiable.
Et forcément, au lendemain d'une séparation aussi médiatisée, il se pose une seule question : et après ? Car la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale est toujours en charge du transport maritime et ses maux lui collent toujours à la peau.
Depuis 2020, rien n'a vraiment changé. La CNNII doit ainsi composer avec une accumulation continue de pertes financières depuis la création de la compagnie, une situation de quasi-faillite caractérisée par des fonds propres négatifs de l’entreprise, une absence de mécanismes comptables de renouvellement des équipements de production (navires, logistique, mobilier), une masse salariale ayant augmenté de 250 % entre 2013 et 2018 et représentant 76 % du chiffre d’affaires, ou encore des coûts d’exploitation élevés, des quais qui doivent être réhabilités, etc. Il y a quelques jours, Ebomaf ajoutera à cette liste un périmètre concédé sur lequel se superposent des propriétés privées.
La lecture de l'Annuaire statistique du Gabon 2020 permet de mettre en exergue un autre problème : la concurrence. "Elle souffre non seulement de l’absence de matériel d’exploitation mais également de la concurrence des autres opérateurs du secteur qui assurent le trafic entre Libreville et Port-Gentil et la desserte de Lambaréné et des lacs. Certaines de ces compagnies exploitent également le trafic maritime entre le Gabon et d’autres pays de la côte ouest africaine."
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Et il faut dire qu'elles lui font de l'ombre. Entre 2016 et 2020, elles ont transporté, selon le même document, plus de 2,7 millions de passagers (pour le trajet Libreville- Port-Gentil dans le sens des allers). Contre "seulement" un peu plus de 210 000 personnes pour la CNNII (toujours pour le même trajet).
Devant un tel tableau, la question de la survie de la Compagnie de navigation intérieure se pose depuis plusieurs heures. Et même si l'alarme retentit, il demeure des pistes possibles. Le diagnostic rapide impose un audit juridique et financier complet (passifs sociaux, état de la flotte, contentieux, etc.), un audit des ressources humaines (pour connaître les effectifs réels et fictifs), un audit réglementaire (immatriculations, certificats de sécurité, obligations environnementales).
La stabilisation de la structure pourrait passer par un plan de trésorerie d’urgence, le paiement des arriérés de salaires, la mise sous administration provisoire (bien que sujette à caution). La réorganisation opérationnelle pourrait passer par la scission des activités (transport fluvial passagers et transport fluvial fret minier) ou la digitalisation de la billetterie et du fret. Dans tous les cas, les responsables de la CNNII et l'État ont du pain sur la planche.
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