Quelle est réellement la situation économique du pays ? Le modèle économique du Gabon est-il encore viable ? Faut-il résolument changer de paradigme pour amorcer un véritable décollage économique ? Quelle nouvelle approche faut-il désormais adopter ? Intervenant dans la cadre de la présentation du cadrage macroéconomique et budgétaire pour la période 2026-2028, qui servira de base à la préparation du projet de loi de finances pour l’année 2026, le ministre d’Etat en charge de l’Econmie et des Finances n’a pas fait dans la langue de bois devant les députées.
Une croissance économique faible et instable
Selon Henri-Claude Oyima, il faut aujourd’hui regarder la réalité en face et avec lucidité. La croissance économique du Gabon, qui fluctue en moyenne à 2,5 % par an, est trop faible et instable. Elle ne peut ainsi garantir un niveau de développement et un pouvoir d’achat conséquent pour la population gabonaise. "Notre population augmente plus vite que notre économie", a-t-il déclaré. Cela signifie que, malgré les efforts, le niveau de vie moyen stagne, voire recule pour de nombreux Gabonais.
En 1976, le Gabon affichait déjà un Produit intérieur brut (PIB) par habitant de l’ordre de 14 800 dollars américains, l’un des plus élevés du continent africain. Près de cinquante ans plus tard, en 2023, ce même indicateur s’établit autour de 6 500 dollars, soit une baisse de plus de 50 %. Et le ministre d'Etat Oyima de poursuivre : "Beaucoup de nos concitoyens vivent dans des conditions précaires. Le coût de la vie pèse sur les familles. Le chômage touche notre jeunesse. Cette situation freine l’espoir d’un avenir meilleur pour les nouvelles générations".
L'État dépense plus qu'il ne gagne
Sur le plan budgétaire, le constat est également peu reluisant, fait-il savoir. Le pays fait face à des tensions marquées par une diminution des recettes pétrolières, une explosion de la masse salariale et un train de vie de l’Etat aujourd’hui intenable. "L’État dépense plus qu’il ne gagne réellement. La masse salariale est élevée. Elle a atteint 45,6% des recettes fiscales. Les recettes pétrolières diminuent progressivement", a-t-il averti. Pour le patron des Finances, il faut absolument changer de méthode et repenser notre trajectoire de développement.
"Notre objectif est clair : relancer notre économie pour atteindre une croissance forte, inclusive et durable de 10 % à moyen terme, portée principalement par les secteurs non pétroliers. Cette ambition repose sur une transformation en profondeur de notre modèle économique. Nous devons cesser de dépendre uniquement de l’exportation des matières premières, et miser sur la création de valeur ajoutée sur notre propre sol", a t-il souligné.
Des actions concrètes
Pour le ministre d’Etat en charge de l’Economie et des Finances, le gouvernement doit inscrire son action dans un véritable Programme national de croissance et de développement, fondé sur une vision claire et ambitieuse, en droite ligne avec le projet de société du président de la République. Ce programme doit reposer, a-til insisté, sur un principe simple, mais fondamental. Le budget ne doit plus être un outil de gestion passive, mais un véritable instrument de transformation économique et sociale. "Cela signifie, concrètement que nous devons d’abord mobiliser les recettes avant d’engager les dépenses. C’est le principe selon lequel ce sont les recettes qui fondent les dépenses, et non l’inverse", a dit l'hôte des parlementaires.
Non sans ajouter : "Nous allons élaborer le budget à partir de zéro, en partant des besoins réels et prioritaires du pays. Il ne s’agira plus de reconduire systématiquement les anciennes dépenses, mais de s’assurer que chaque franc engagé réponde à un objectif clair de développement. Nous devons mieux encadrer les exonérations fiscales, en veillant à ce qu’elles soient justifiées, efficaces et bénéfiques pour l’économie nationale. Ce sont plus de 1000 milliards de dépenses fiscales ces trois dernières années. Nous devons identifier de nouvelles sources de recettes, comme l’économie numérique ou une meilleure valorisation du patrimoine foncier. Nous devons réorganiser notre dette, pour réduire la pression qu’elle exerce sur nos marges de manoeuvre budgétaires."
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