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Société & Culture

Retraites : un projet de loi pour stopper l'hémorragie

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Le Conseil des ministres du mercredi 7 février 2024 a décidé de porter, au travers d'un projet de loi, l'âge de mise à la retraite à 62 ans pour les agents civils de l’État. Au lieu de 60 ans comme cela se faisait depuis 2005. Ce changement s’inscrit dans le cadre de l’arrimage des pensions au Nouveau système de rémunération (NSR) qui pourrait intervenir dès la fin du premier trimestre 2024.

Fridolin Mve Messa, président de l'Union des syndicats des administrations publiques, parapubliques et privées (USAP) estime qu'il était nécessaire de trouver les mécanismes pour stopper l'hémorragie pour les pensions. "Lorsque nous nous sommes penchés sur la mise en place d'un nouveau système de rémunération avec le gouvernement, il y a quelques années, nous étions conscients que le NSR impacterait la pension retraite. Parce qu'on devait réfléchir à de nouveaux salaires, avec pour conséquence l'amélioration des pensions retraites également. Lorsque cette réforme est devenue effective en 2015, le volet pension retraite est resté en rade jusqu'au début de cette année. Cette suspension, par l'État, a créé une dette inutile, notamment vis-à-vis des bénéficiaires du nouveau système de rémunération qui n'ont pas touché leurs vraies pensions, se contentant d'avances sur allocation. C'est donc une dette qu'il fallait solder tout en poursuivant la réforme initiée en 2015", souligne-t-il.

"Tout ce charivari a conduit à la mise en place d'une commission ministérielle avec laquelle nous avons travaillé d'octobre à juin 2023. Nous nous sommes penchés sur les problèmes que pouvait soulever la mise en place de la réforme des pensions retraites. Puisque l'État avait créé une dette vis-à-vis de certains bénéficiaires, il fallait voir dans quelles conditions on pouvait rétablir ces personnes dans leurs droits acquis. Nous avons dû toucher des paramètres au niveau des cotisations, des taux de cotisation, la part patronale et salariale, etc. (on enregistre ainsi une augmentation de 6 à 7 % pour les agents publics pendant que la cotisation patronale, représentant la contribution de l’État à la préparation des retraites, passera de 15 à 18 %, ndlr). L'autre paramètre inévitable était l'âge de départ à la retraite", ajoute Mve Messa.

Il poursuit : "l'objectif est de rationaliser les dépenses surtout que le système de pension actuel est fondé sur la répartition (dans le système par répartition, les travailleurs cotisent pour financer les retraites de leurs aînés, ndlr). Et c'est justement à cause de cela qu'on a enregistré une dette de plus en plus importante. Vous vous rappelez que l'État avait suspendu les recrutements depuis 2015. Ce qui a provoqué d'énormes dysfonctionnements. Les actifs enregistrés à la Fonction publique sont moins nombreux que ceux qui sont à la retraite. Donc, il fallait stopper l'hémorragie, en gardant un tant soit peu ceux qui sont en fin de carrière, sauf les hauts fonctionnaires qui sont déjà hors catégorie, pour essayer de renflouer les caisses et assurer la pérennité des pensions adossées au nouveau système de rémunération".

Les calculs, ajoute-t-il, ont été faits jusqu'en 2060. Donc il faut renflouer les caisses, procéder aux recrutements et revoir l'âge de départ à la retraite. "De leur côté, les militaires ont déjà réformé leurs modalités de départ à la retraite. Il fallait aussi que les agents civils de l'État leur emboîtent le pas. Les personnels évoluant dans le privé sont soumis à leur convention collective et au Code du travail. Ce dernier leur concède une retraite entre 55 et 65 ans selon la pénibilité de l'emploi."

 

Serge A. MOUSSADJI

Libreville/Gabon

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