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Société & Culture

Restauration de l'ordre urbain : la mairie à bout de souffle ?

Marché de nzeng-ayong. © l'union

Lancée tambours battant en janvier dernier par le délégué spécial chargé de la gestion de la commune de Libreville, le général Jude Ibrahim Rapontchombo, l'opération "Restauration de l'ordre urbain" (ROU) s'était achevée au mois de juillet. L'objectif noble pour la municipalité était de redonner à la capitale un visage plus avenant et plaisant. Disons, son lustre d'antan.

Pour cela, les six arrondissements ont reçu tour à tour la visite d'agents municipaux remontés à bloc et ayant pour mission de déguerpir les commerçants installés aux abords des trottoirs, de retirer les kiosques, les épaves de voitures et autres objets encombrants le domaine public, de pousser les propriétaires indélicats à détruire les bâtisses érigées de manière anarchique. Pour montrer qu'elle ne plaisantait pas, la mairie avait organisé une grande campagne médiatique. On pouvait ainsi lire sur sa page Facebook : "Un mois après la sensibilisation faite à l'endroit des populations de la ville de Libreville sur l’occupation anarchique du domaine communal, le délégué spécial a joint "l'acte à la parole".

En effet, ce mercredi 17 janvier 2024 a démarré la vaste opération de lutte contre l’insalubrité qui va s’étendre sur six mois et ce, dans les six arrondissements. Elle vise à redorer l’image de la cité qui est devenue peu reluisante. En se référant au cadre légal, fixant les règles relatives à l’urbanisme, l’hygiène, la salubrité publique et, surtout, la gestion et le dépôt des déchets ménagers dans la commune de Libreville, le délégué spécial entend amener les Librevillois à changer de mentalité et de comportement. Car selon lui, "libérer l’espace communal, c’est aussi restaurer l'ordre urbain et c'est l'objectif général à atteindre ".

Cette phase de démarrage s'est faite dans le 3e arrondissement." Le problème est que cinq mois seulement après la fin de ce projet, Libreville a gardé le même visage. Un peu partout, les commerçants, qui avaient été forcés de quitter manu militari les trottoirs, y reviennent tranquillement. Au nez et à la barbe de l'Hôtel de Ville dépassée par les événements. Au rond-point de Nzeng-Ayong, les vendeurs de vêtements et autres biens ont encore investi les alentours. Certains occupent même l'espace sur lequel se trouvait le restaurant  "Le Bon Coin".

Pour rappel, sans aucune raison apparente, les autorités (municipales ou gouvernementales ?) de l'époque avaient ordonné sa destruction en décembre 2022. Laissant les propriétaires et leurs clients sans voix. Et comme la nature a horreur du vide, de petits malins ont posé leurs ballots sur les mètres carrés inutilisés. La même scène est visible à l'échangeur de Nzeng-Ayong, à Awendjé ou encore à Rio. Dans chaque quartier de la capitale, les commerçants ont repris du poil de la bête et retrouvé leur lieu de vente habituel.

"Garage anarchique derrière le Topaze. Poursuite de l'opération de la Restauration de l'ordre urbain dans le 4e arrondissement. Secteur 46, brigade 006", pouvait-on toujours lire en mai passé, sur la page Facebook de la principale municipalité du pays. A-t-elle réussi globalement son pari ? On serait tenté de répondre par la négative. Il suffit de se promener dans les rues de Libreville pour se rendre compte que les mécaniciens illégaux continuent leurs activités sans se soucier des colères de la délégation spéciale. Les voitures sont éventrées le plus souvent, de l'huile noire coule sur le bitume, des pièces jonchent le sol... Tout continue comme avant.

Les immondices sont visibles à chaque carrefour. Pourtant, après la fin de la ROU et un peu pour l'appuyer, la délégation spéciale de Libreville et Clean Africa ont déployé, en octobre, des équipes de sensibilisation au nouveau schéma directeur de collecte des ordures ménagères dans le Grand Libreville.

Dans le même temps, des équipes composées d'agents municipaux et d'employés de Clean Africa étaient déjà à pied d’œuvre dans la ville. De toute évidence, ces deux opérations n'ont pas été concluantes. La tornade de la ROU est passée par les artères de la capitale. Sauf qu'elle n'a rien balayé, tout est resté en place.

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