La présidentielle americaine repose sur un système très particulier, celui des grands électeurs du collège electoral. Pour la plupart élus et responsables locaux de leur parti, ils sont 538 au total. Quelques clés d’explication du scrutin qui oppose Donald Trump à Kamala Harris le mardi 5 novembre. Donald Trump vainqueur sur Hillary Clinton en 2016 malgré près de trois millions de voix de moins, George W. Bush élu en 2000 contre Al Gore qui avait pourtant recueilli près de 500 000 votes en plus. Au cœur de ce scrutin indirect : les grands électeurs du collège électoral. Dans ces deux exemples, la victoire a priori surprenante des candidats républicains s’explique par le fait qu’ils avaient dépassé les 270 votes de grands électeurs nécessaires pour ouvrir les portes de la Maison Blanche. Le système date de la Constitution de 1787, qui fixe les règles de l’élection présidentielle selon un suffrage universel indirect à un tour.
Les pères fondateurs y voyaient un compromis entre une élection du président au suffrage universel direct et une élection par le Congrès, considérée comme trop peu démocratique. Des centaines de propositions d’amendements visant à modifier ou à supprimer le collège électoral ont été soumises au Congrès au fil des décennies et des victoires choc, mais aucune n’a abouti. Les grands électeurs sont 538 au total. Pour la plupart élus et responsables locaux de leur parti, leurs noms n’apparaissent pas sur les bulletins de vote et ils sont, dans leur écrasante majorité, inconnus du grand public. Chaque État a autant de grands électeurs que d’élus à la Chambre des représentants , nombre déterminé en fonction de la population et au Sénat, où ils sont deux par État. Par exemple, la Californie en a 55 et le Texas, 38. Le Vermont, l’Alaska, le Wyoming et le Delaware n’en ont que trois.
Le candidat qui remporte la majorité des voix dans un État rafle tous les grands électeurs de cet État, sauf dans le Nebraska et le Maine qui répartissent leurs grands électeurs à la proportionnelle. C’est la fameuse règle du « the winner takes all ». Rien dans la Constitution n’oblige les grands électeurs à voter d’une manière ou d’une autre. Si certains États les obligent à respecter le vote populaire, les « électeurs infidèles » ne s’exposaient jusque-là la plupart du temps qu’à une simple amende. Mais en juillet 2020, la Cour suprême a jugé que ces grands électeurs « déloyaux » pouvaient être sanctionnés s’ils s’affranchissaient du choix des citoyens. Entre 1796 et 2016, il y a eu 180 votes de grands électeurs contraires aux attentes lors des différentes élections présidentielles. Ils n’ont jamais altéré le résultat final sur l’identité du locataire de la Maison Blanche.
Les grands électeurs se retrouveront mi-décembre dans leur État. Le 6 janvier 2025, à l’issue du décompte officiel des votes, le Congrès annoncera solennellement le nom du président ou de la présidente. Mais le résultat sera connu bien avant.