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Sport

Patrice Neveu : "Nous allons nous battre jusqu'au bout"

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• L'Union : Patrice Neveu, de nombreux Gabonais vous tiennent pour responsable la défaite des Panthères face aux Léopards de la RD Congo.

 

Patrice Neveu : "Je pense qu'après cette rencontre, ma fonction de sélectionneur me demande de rester honnête et lucide dans mon analyse d'après-match. Premièrement, je suis le coach national. Mon équipe, mes joueurs et mon staff ne font qu'un. Deuxièmement, je ne suis pas ce sélectionneur qui dit : j'ai gagné et ils ont perdu. Jamais ! Je forme un groupe et une équipe. Et que, par conséquent, ne comptez pas sur moi pour jeter la pierre à mes joueurs. Nous gagnons ensemble et nous perdons également ensemble. Face au Congo, le Gabon a connu de nombreux temps forts et quelques petits moments de faiblesse. Les nombreuses occasions de buts que nous nous sommes créées sont le fruit d'une organisation, d'une animation de jeu travaillée fondamentalement et tactiquement. Donc sur ce plan, le Gabon a mis fortement la RD Congo en difficulté. Maintenant, il est important de les concrétiser. C'est-à-dire d'être efficace devant le but.

 

Mais encore…

- "Sur le terrain, sur le plan de l'engagement, du jeu et du nombre d'occasions de buts, nous avons été supérieurs à notre adversaire. Nous avons été dominateurs et eux réalistes. Deux occasions deux buts. À l'inverse du Gabon qui s'est créé une bonne dizaine d'occasions. La déception d'avoir perdu ce match ne doit pas nous faire perdre l'objectif principal qui est de nous qualifier pour la CAN.

 

Permettez-moi de reposer la question qui est de savoir si vous êtes responsable de cette défaite ?

- "En tant que sélectionneur de l'équipe nationale du Gabon, j'assume mes choix et les résultats sur le terrain. Par conséquent, je reste solidaire de mon équipe, de mes joueurs, qui le savent très bien. Et ce même si je ne suis pas sur le terrain. Le principal reproche est d'avoir aligné une équipe expérimentale alors que vous disposiez de la totalité de votre groupe. Nous ne comprenons pas les raisons pour lesquelles vous avez placé Ndong en défense centrale, Lemina en position de 6, poste de Poko, et ce dernier en 8. Tout en sachant que vous avez des centraux de métier sur le banc. - "Vous savez, dans le football moderne, les joueurs sont de plus en plus polyvalents. À la base, Camavinga est milieu défensif. Mais au Real Madrid, il est parfois utilisé comme latéral. Idem en équipe de France. Avec les Panthères, c'est moi qui pense que tel joueur peut jouer à tel poste même si ce n’est pas sa position de prédilection. Pour dire la vérité, les joueurs ont été alignés à leur poste et ont eu un bon rendement. L'équipe a joué en 4-3-3 modulable en 4-5-1. La même organisation que Naples, le champion d'Italie. Mes choix ont été mûrement réfléchis à la lumière de mon effectif et l'état de forme des joueurs.

 

Voudriez-vous aller droit au but...

- "Nous avons joué avec quatre défenseurs dont deux centraux. Ibrahim Ndong qui, dans ma vision, a fait un bon match en défense centrale, est devenu par son large potentiel un défenseur central à Dijon. Et en sélection, il a déjà joué à ce poste. Je l'ai associé à Appindangoye qui, lui, est un défenseur central de métier. Question : Ndong a-t-il oui ou non été à la hauteur ? Je dis oui ! J'ai aligné les joueurs en forme du moment. Ekomie a tout simplement remplacé à gauche Obiang blessé et Palun a repris sa place à droite. J'ai joué en 4-3-3 pour donner plus de vitesse à mon équipe pour se projeter beaucoup plus vite vers l'avant.

 

Il y a aussi Jim Allevinah que vous avez placé à un poste inhabituel, milieu de terrain. Quel était le but recherché ?

- "Bouanga est buteur en MLS et fait de belles performances aux Etats-Unis. Boupendza venait de marquer quatre buts avec son club en championnat. Et on connaît tous son potentiel. Voilà pourquoi ils ont été titularisés. Sur les côtés. Tout en plaçant Poko en 8 et Jim Allevinah en position avancée dans l'entre jeu. Jim joue à Clermont en position de piston droit. Par conséquent, j'estime qu'après avoir pris ses marques au poste, il a répondu présent et bien cassé les lignes.

 

Le retour de PEA et de Lemina n'a pas été à la hauteur des attentes. Seront-ils alignés d'entrée en Mauritanie ?

- "Mario a été très combatif et a fait un bon match. C'est ma lecture ! PEA a eu très peu de ballons de but. Mais il a souvent fixé les défenseurs pour ouvrir des brèches à ses partenaires. Connaissant sa précision devant le but et sa réputation de buteur, il était logique qu'il soit aligné. Certes, il manquait de temps de jeu, mais en amical il a démontré aisément que je pouvais compter sur lui. Dans la vie, personne ne peut dire ce que demain sera. Mais qu'à cela ne tienne, si j'avais à le refaire dans le même contexte d'avant-match, et vu mon effectif à disposition, sans hésiter je ferais le même classement…

Ah bon !

- "Oui ! Car la stratégie d'une équipe en football est de se créer d'abord des occasions de buts. Et ensuite de les mettre au fond. Après ces réponses, savez-vous au moins pourquoi le Gabon a perdu contre la RDC ?

- "En première période, nous manquons trois ou quatre occasions. À 2-0, le match était plié en faveur du Gabon. Personne n'aurait crié au scandale. Ensuite, il y a ce but refusé à la 50e minute. L'équipe, les joueurs poussent pour marquer. J'ai visionné à plusieurs reprises l'action pour me convaincre qu'il y avait bien but. Et d'ailleurs les Portugais de Media Luso, qui ont produit le match, ont dit à l'arbitre que leur caméra 2 a bien filmé cette action et que le ballon avait bien franchi la ligne de but. À 1-1, alors que nous étions dans notre temps fort, le match pouvait basculer en notre faveur. Mieux, avant le match, j'ai dit à mes joueurs que l'objectif est d'éliminer le Congo car je savais que la Mauritanie allait battre le Soudan amoindri par la guerre et sans préparation.

 

Les arbitres sont-ils responsables de notre défaite ?

- "Je n'ai jamais dit qu'ils étaient responsables. Je dis simplement que ce but valable, s'il avait été accordé le match n'aurait plus été le même. Je constate simplement que depuis la dernière Can-2021, et lors des éliminatoires du Mondial passé contre la Libye et L'Égypte, à Franceville, les décisions arbitrales nous sont dans les moments clés du match défavorables. Ces faits sont rémanents et inquiétants. Lors de la CAN, Boupendza n'était pas hors-jeu. Nous avons eu à faire à un arbitrage déloyal contre les Étalons du Burkina Faso. Le but de Palun contre la RDC était valable. Pourquoi le Gabon se retrouve-t-il toujours défavorisé par l'arbitrage ? À domicile qui plus est ! C'est un manque de considération. Le but refusé intervient à la 50e minute. Mes joueurs sont physiquement bien et ils poussent. Imaginez un peu leur état mental après ce but refusé.

 

Cela n'explique nullement le manque d'efficacité devant le but de vos joueurs…

 

- "Je m'interroge depuis des mois sur cette situation. Nous ne sommes pas assez tueurs face au but. Contre le Soudan en aller et retour et face à la RDC nous avons eu au moins une quinzaine d'occasions franches. Le Gabon n'a marqué qu'un seul but. Il est difficile d'expliquer ce constat si ce n'est d'affirmer que devant le but nous ne sommes pas suffisamment tueurs. Vous êtes désormais 3e du groupe. En septembre, vous irez en Mauritanie. Votre attaque ne marque presque pas : 2 buts en 5 rencontres. Votre défense a concédé 3 buts.

 

Comment allez-vous faire pour battre la Mauritanie ?

- "En football, un match est différent d'un autre. Il y a deux choses à savoir. Depuis un certain temps, le Gabon fabrique du jeu et se produit des occasions. L'adversaire est le plus souvent même déstabilisé. Face au Maroc, au Cameroun, vous avez vu ce que nous avons produit comme jeu. En Mauritanie, nous n'irons pas pour jouer derrière. Ce n'est pas notre style de jeu. D'ailleurs, grâce au jeu déployé par mon équipe depuis mon arrivée, les joueurs sont adulés par le peuple gabonais. Oui, la période est difficile, oui, nous aurions pu nous qualifier depuis le mois de mars, mais nous n'allons rien lâcher. Ça va être un match dans un contexte très très particulier. C'est un adversaire potentiellement à notre portée. Outre la qualité de jeu déployée, nous devons mettre d'autres ingrédients pour gagner ce match. Encore une fois, nous devons être efficaces devant le but. Tout en surveillant l'environnement du match. Vous comprenez ce que je veux dire.

 

Un message plus fort, coach !

- "Sachez tout simplement que nous allons tout donner pour nous qualifier en Mauritanie. Nous n'avons plus de calculs à faire. Nous allons, encore une fois, je le dis, nous battre jusqu'au bout. Et vous dire, que notre destin nous appartient toujours. Et pour gagner, mes joueurs doivent avoir un mental d'acier, pas de fer. Ils doivent surtout être prêts à tout. Ils doivent sonner la révolte sur le terrain tout en restant loyaux. Lors de la Can, on a vu des Panthères conquérantes. Depuis, puis rien.

 

Qu'est-ce qui peut expliquer cette baisse de régime ?

- "L'équipe est toujours conquérante, mais pas tueuse devant le but tout simplement. Lors de la dernière Can nous avons marqué plus de buts que lors des cinq journées des éliminatoires de la Can-2023. C'est une situation qui interpelle l'ensemble des Gabonais. Pourquoi nous n'arrivons plus à marquer ? La question est difficile à répondre.

 

Entre nous coach, êtes-vous toujours l'homme de la situation ?

 

- "Le Gabon n'est pas encore éliminé. Personne n'est encore qualifié. Par conséquent je reste toujours l'homme de la situation. Jusqu'à preuve du contraire ! Un message à l'endroit du public sportif gabonais - "Je ne pense pas à un échec face à la Mauritanie. Que le peuple continue de soutenir son équipe ! Et en cas d'échec, allez-vous prendre vos responsabilités ? - "Nous n'en sommes pas encore là !"

 

Entretien réalisé par Willy NDONG

Libreville/Gabon

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