"Au nom de l’archevêque de Libreville, je vous annonce le décès ce matin (hier, Ndlr) du pape à l’âge de 88 ans". C’est par ces mots simples que le père Jean Davy Ndangha Mbome Ndong, curé de la paroisse Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption Sainte Marie de Libreville, a livré hier la douloureuse nouvelle de la disparition de François, 266e pape de l’Église catholique.
Consternation. Tristesse. Mais pas de réelle surprise. Car tous ont vu François dimanche lors de la messe de Pâques. Sa dernière. Jorge Mario Bergoglio, de son véritable patronyme, était apparu au balcon de la basilique Saint-Pierre pour sa traditionnelle bénédiction urbi et orbi, visiblement très affaibli. Certains avaient cru à un retour vers de meilleurs jours. Mais, incapable de lire son texte, il avait dû déléguer cette tâche à un collaborateur, ne pouvant prononcer que quelques mots d’une voix essoufflée.
Affaibli par la maladie depuis plusieurs mois, le chef de l'Église universelle souffrait récemment d'une pneumonie bilatérale qui l'a contraint à une hospitalisation prolongée. Son décès marque ainsi la fin d’un pontificat de 12 ans, marqué par son engagement envers les plus vulnérables et son approche pastorale accessible.
Pour l’Église catholique du Gabon, l’émotion est profonde. "L'Église vit une heure particulièrement grave puisque le premier de ses responsables, le Pape François, s'est éteint ce matin (hier) à Rome des suites d'une maladie", a déclaré le père Jean-Davy, avant d’inviter les fidèles à l’action de grâce.
"Action de grâce pour l’héritage du Pape François, pour le dynamisme qu’il a insufflé et le rayonnement qu’il a donné à la synodalité. Il a rappelé que l’Église est l’ensemble des baptisés, où chacun doit trouver sa place. Sous son pontificat, l’Église a été appelée à sortir de sa zone de confort pour aller vers les périphéries, témoignant ainsi de l’ouverture et de la proximité voulues par le Christ. Pour cela, rendons grâce. Il faut prier pour le repos de son âme, mais aussi pour l'Église et les échéances à venir qui sont cruciales. Nous avons tous besoin de l’assistance de l’Esprit Saint."
Mourir à l’Octave de Pâques, un signe ? Pour le curé, c’est assurément un dernier clin d’œil du ciel pour François d’entrer dans la vie au moment où on célèbre la vie. " C’est un passage de la vie terrestre à la vie éternelle, au moment même où l’Église célèbre la Résurrection du Christ".
Quant à l’avenir, le père Jean-Davy évite de se prononcer sur l’éventualité d’un pape africain. Pour lui, la réflexion ne se pose pas en termes africains ou pas. "L'Église, le Christ lui-même, à travers l'esprit qu'il nous a promis, nous donnera le pape qu'il faut pour l'Église. Donc, je ne me risquerai pas à entrer dans les pronostics parce que ce n’est pas tout à fait ecclésial de faire des pronostics."
Et si les fidèles chrétiens n’en sont pas aux pronostics non plus, ils sont tristes et l’expriment sans retenue. D’aucuns ont pleuré sans s’en cacher, d’autres qui pensaient que le Pape était éternel sont tombés de nues. " Je pensais que les papes étaient éternels ", a confié une chrétienne, le plus sérieusement du monde sur les marches de la cathédrale Sainte-Marie.
D’autres, plus sereins et lucides rendent grâce à Dieu parce que le Saint-Père s'en va dans la semaine de la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. " Le sentiment qui m'habite actuellement c'est la tristesse et la joie en même temps. La joie du peuple de Dieu de savoir que le Saint-Père s'en est allé pour vivre dans l'Éternité avec son Créateur. Maintenant, la prière que nous faisons et que nous montons est celle qui consiste à faire en sorte que le Seigneur puisse nous donner encore un autre pasteur qui conduira son peuple d'ici là."
Le pape est mort, vive le pape ! Désormais s’ouvre la période de Sede Vacante ou siège vacant. Durant cette période, le gouvernement de l'Église est assuré par le Collège des cardinaux, sous la direction du camerlingue qui gère les affaires courantes mais ne peut prendre de décisions majeures.
Quant au Vatican, il est entré dans une phase de transition, marquée par, les funérailles du pape défunt. Il faut aussi y ajouter le deuil officiel, avec des messes quotidiennes appelées novemdiales (période de neuf jours de deuil) et enfin l'organisation du conclave, où les cardinaux de moins de 80 ans éliront le nouveau pape.
L’Église est en attente.
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