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Politique

Présidentielle : Alain-Claude Bilie-By-Nze : "L'heure est venue d'étaler ma vision pour le Gabon "

Alain-Claude Bilie-By-Nze

Alain-Claude Bilie-By-Nze © DR

L'Union. Vous êtes candidat à la prochaine présidentielle, quelles sont vos motivations ?

Alain-Claude Bilie-By-Nze : Un homme politique qui se respecte, réfléchit à ce qu'il peut proposer à son pays. J'ai des projets, j'ai des choses à proposer au Gabon. J'ai une expérience, un parcours, et je suis allé au contact des Gabonaises et des Gabonais, et je pense que l'heure est venue de m'exprimer, d'étaler ma vision, mes ambitions pour notre beau et cher pays. Ma vision, je l'ai forgée depuis de longues années et il est temps aujourd'hui de la partager à mes compatriotes…

… cette ambition est-elle antérieure au 30 août 2023 ?

Écoutez, comme vous le savez, j'étais membre du Parti démocratique gabonais (PDG). Cette formation politique avait un chef et c'est lui qui était aux responsabilités. Lui n'étant plus là, j'exprime clairement mes ambitions, et personne aujourd'hui n'est surpris, en réalité, que je me présente candidat à l'élection présidentielle.

Je pense qu'Ali Bongo Ondimba lui-même savait également que le jour où il ne serait plus là, je serai candidat. L'actuel président de la Transition le sait également.

Votre candidature ne serait donc que l'expression de votre ambition ?

Non. En face de moi aujourd'hui, j'ai des hommes qui ont menti aux Gabonais, qui ont pris des engagements qu'ils n'ont pas respectés. J'ai des hommes qui ont dit qu'ils viennent restaurer les institutions, ils ne l'ont pas fait. J'ai des hommes qui ont dit qu'ils vont rendre le pouvoir aux civils, ils ne l'ont pas fait. J'ai des hommes qui ont dit qu'ils rendent la dignité aux Gabonais, ils ne l'ont pas fait. Et cet ensemble de choses m'amène à me dire que finalement, ils incarnent la continuité.

Or la continuité de ce système, c'est la situation dans laquelle le Gabon se trouve aujourd'hui. C'est un système que j'ai servi, que je connais, que j'assume mais dont je pense aujourd'hui qu'il ne peut pas continuer parce qu'il ne propose rien d'autre que ce qui s'est fait par le passé. Et cette campagne qui est menée aujourd'hui par le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), n'est qu'une pâle copie de ce qui s'est fait avant. Vous enlevez simplement la photo du président de la Transition, vous mettez celle d'Ali Bongo Ondimba, c'est la même campagne…

… pourquoi le dites-vous ?

Les acteurs sont les mêmes, les affiches sont quasiment les mêmes, l'iconographie est la même, les scènes sont les mêmes, les artistes qui prestent sont les mêmes et les discours sont les mêmes. Quelle recette miracle proposez-vous pour un nouveau Gabon ?

Au fil de mon parcours, j'ai acquis de l'expérience. Et je l'assume pleinement. Il n'y a pas de recette miracle. La recette aujourd'hui, c'est d'appliquer ce que nous proposons aux Gabonaises et aux Gabonais. Notamment rompre avec une économie de rente qui n'a pas développé le pays…

… comment comptez-vous faire ?

Ça fait 80 ans qu'on exploite le manganèse, le pétrole, le bois. On ne peut pas continuer ainsi. Je propose donc de diversifier l'économie en allant chercher de nouveaux secteurs d'activité. L'agriculture, la pêche, le numérique sont des secteurs aujourd'hui qu'il faut développer pour diversifier l'économie.

L'industrialisation du pays également, la transformation locale des matières premières sont des éléments clés pour développer le pays avec la formation professionnelle qui fera en sorte que nous ayons aujourd'hui des acteurs adaptés à nos besoins de développement. Ce n'est pas du miracle, on doit pouvoir le faire.

De même, nous devons rompre avec un système politique clientéliste.

Ça veut dire quoi ?

Ça veut dire qu'il faut remettre en place l'ascenseur social, l'égalité des chances. Aujourd'hui, si on a personne en haut, on ne peut pas s'en sortir. Je connais ce système et je vois ce qu'est aujourd'hui le club des copains, coquins et consanguins. Il faut mettre un terme à cela.

De même, l'État, le droit, les libertés publiques, la question de la justice qui doit être indépendante. Ce sont des éléments concrets.

De la justice, que comptez-vous faire ?

J'estime que le président de la République n'a plus à présider le Conseil supérieur de la magistrature. Il faut que la justice soit totalement indépendante, qu'elle ne soit plus sous l'influence des acteurs politiques, qu'elle ne reçoive plus des instructions de qui que ce soit.

Et sur le plan social, que préconisez-vous ?

Je propose trois éléments clés. Accompagner les jeunes en quête d'emploi par l'octroi d'une indemnité premier emploi de sorte que celui qui sort de formation reçoive 80 % de sa bourse. Et s'il n'était pas boursier, on l'aligne sur les 80 % que les autres percevaient dans leur formation. Deuxième année, 60 %. Si au bout de la deuxième année, il n'a pas trouvé un emploi, l'État l'installe dans sa première entreprise en tant qu'entreprise individuelle. Ça s'est fait ailleurs avec des résultats probants. On peut l'appliquer ici.

Deuxièmement, accompagner les personnes du troisième âge, seules, isolées, les handicapées, avec une allocation vieillesse ou handicap, de sorte qu'ils puissent avoir de quoi s'en sortir convenablement. Et enfin, mettre en place ce que j'ai appelé le revenu universel garanti, accordé à chaque Gabonais dans le besoin 150 000 francs CFA par mois. J'ai fait des calculs, c'est faisable. Nous allons chercher des ressources où elles existent. C’est pour cela que j'ai dit qu'il faut d'abord regarder la question des finances publiques, la suppression d'un certain nombre d'institutions inutiles…

… lesquelles et comment ?

Je vais supprimer le Sénat, le Conseil économique, social et environnemental, la médiature de la République, le Conseil national de la Démocratie (CND). Ce qui devrait nous permettre de réaliser des économies de l'ordre de 22 milliards de nos francs.

À côté de cela, j'ai dit qu'on prend 10 % des ressources du pétrole, 10 % des ressources du manganèse, on y ajoute le bois. En totalité, nous sommes autour de 280 et quelques milliards de francs CFA, ce qui permet, en donnant à chacun 150 000 francs CFA par mois, de sortir automatiquement 160 000 Gabonais de la pauvreté. C’est faisable sans endetter l’État, sans créer de nouveaux impôts.

Vous avez fait récemment votre mea culpa. Est-ce suffisant pour bénéficier des suffrages de vos compatriotes le 12 avril prochain ?

Je ne suis pas maître de ce que pensent les uns et les autres, je suis maître de ce que je pense. Et ce que je dis, c'est qu'il m'est arrivé de commettre des erreurs. J'annonçais un certain nombre de chiffres lorsque j'étais porte-parole en 2016. Cela m'a été beaucoup reproché, mais j'annonçais des chiffres officiels. J'ai rencontré des familles de victimes qui m'ont expliqué la situation, je demande pardon au peuple gabonais parce que j'ai donné des chiffres qui étaient des chiffres officiels.

Mais, il n'y a pas que les événements d'août 2016. Il y a aussi eu le drame d'Esther Miracle ?

J'ai été nommé Premier ministre le 9 janvier 2023. Le drame d'Esther Miracle intervient le 9 mars 2023. En deux mois, j'aurais pu corriger les failles d'un système qui était là depuis 60 ans. Ce que j'ai fait, j'ai mené une enquête administrative. Et à côté de ça, une enquête pénale. Un certain nombre de responsables ont été pris et sont en prison aujourd’hui. Nous avons déterminé les responsabilités administratives.

Qui a été avant moi aux responsabilités ? Qui a donné les autorisations avant moi ? Il y a eu un ministre des Transports, il y a eu un directeur général de la marine marchande.

Vous vous souvenez de l'histoire de Gabon Express dans ce pays ? Vous savez qui était à la tête du ministère des Transports à cette époque ? Pourquoi ne reproche-t-on pas cela à Mme Missambo à chacune de ses sorties ? Elle qui était ministre lorsqu'a eu lieu ce drame.

À propos de la dette, comment en venir à bout ?

Aujourd’hui, on nous cache l'ampleur de la dette. On avance 8 500 milliards, très bien. Mais ce n'est pas de cela qu’il s'agit. En réalité, il s'agit de savoir nous nous sommes endettés pourquoi ? Tout pays qui veut se développer doit pouvoir s’endetter. Le sujet n'est pas l'endettement, le sujet c'est pourquoi nous sommes endettés et qu'est-ce qu'on a fait de cet argent. Lorsque je parle de la Commission vérité, justice et réconciliation, cette question de l'endettement de l'État en fera partie. À quoi cette dette a-t-elle servi ? Qui en a profité ? On devrait le savoir…

… et après ?

Si on n'a pas suffisamment de ressources, il y a toujours la question des ressources d’emprunt. Or, ce qui se produit depuis des années, c'est que notre budget n'est équilibré que par l'emprunt. Ça veut dire que nous empruntons aujourd'hui pour financer le fonctionnement. Et cela n'est pas normal. Il faut pouvoir emprunter pour financer l'investissement et fonctionner avec nos ressources propres sans aller chercher des emprunts pour payer les salaires.

Aujourd’hui, chaque fin du mois, l'État doit emprunter auprès des banques locales pour payer les salaires de ses agents. Il faut sortir de ce cercle vicieux pour arriver à un cercle vertueux pour un endettement efficace qui aille vers le développement, c'est-à-dire l’investissement.

Aujourd'hui, l'accès à l'eau est toujours difficile. Que proposez-vous ?

Mais ça fait deux ans que j'ai quitté le ministère de l’Énergie. La vraie question est celle de savoir pourquoi les projets qu'on avait lancés ne sont pas terminés depuis deux ans ? Vous voyez, ils auraient dû s'achever en décembre 2023.

Aujourd'hui, la question de l'eau est essentielle. À côté du Programme intégré pour l'alimentation en eau potable et l'assainissement de Libreville (PIEPAL) que nous avons lancé et pour lequel j'ai été sur le terrain quasiment tous les jours, nous avons emprunté auprès de la BGFI 100 milliards de francs. 60 milliards pour le compte de la SEEG, 40 milliards devaient servir à financer la construction d'une usine de traitement d'eau potable à Mbomu, à Ntoum et à Cocobeach. Pourquoi cette usine n'est toujours pas terminée pour offrir de l'eau aux Gabonais ?

Pour finir, Vous président, allez-vous continuer à travailler avec les Turcs ?

J’ai refusé leurs solutions parce que leurs solutions ne permettaient pas à la SEEG de se développer. Nous avons aujourd'hui au sein de la SEEG des besoins de financement de 400 milliards de francs.

L’État doit plus de 100 milliards de francs à la SEEG. Les particuliers doivent plus de 100 milliards de francs à la SEEG. Il faut donc aider la SEEG à faire du recouvrement sur ce qui lui est dû, première chose. Mais à côté de cette question de la SEEG, il va falloir interroger la question des actionnaires privés à la SEEG. Jusqu'à présent, on n'interroge que l'État.

Quid des actionnaires, les personnes physiques et personnes morales qui ont pris des participations à la SEEG ?

 

Entretien réalisé par : Rudy HOMBENET ANVINGUI

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