La décision prise jeudi en Conseil des ministres de mettre fin aux fonctions de plusieurs responsables du ministère de la Fonction publique ouvre une séquence délicate pour l’administration gabonaise. Au coeur de cette transition, une nouvelle organisation appelée à s’imposer dans un contexte particulier, celui d’un ministère dirigé par un ministre intérimaire, François Ndong Obiang, désormais face à l’urgence de garantir la continuité du service public.
Au terme de cette réunion gouvernementale, il a été mis fin aux fonctions de l’ensemble des membres du cabinet du ministre de la Fonction publique. Par ailleurs, plusieurs hauts responsables administratifs ont été suspendus de leurs fonctions jusqu’à nouvel ordre.
Il s’agit du colonel Jonas Sambi, secrétaire général du ministère, d’Elie Christian Aghoma- Molombo, secrétaire général adjoint, d’Édith Kombila, directrice générale de la Fonction publique, de Jean Mabicka, directeur central des Archives et de la Documentation, de Jacques Ada, directeur de la Gestion des personnels et du Contentieux, de Zeinabou Mbourouba-Alara, directrice du Recrutement, ainsi que de Teclaire Mekui Owono, directrice centrale de la Communication.
La situation interroge. Comment impulser une réorganisation profonde lorsque le titulaire du portefeuille lui-même est en position d’intérim ? Le défi est de taille. Il s’agira, pour le ministre en charge, de mettre rapidement la machine administrative en ordre de marche, en s’appuyant sur des techniciens aguerris, rompus à la gestion des dossiers de ce département stratégique, en attendant un prochain Conseil des ministres qui devra clarifier durablement l’organigramme et les responsabilités.
Au-delà des suspensions et des réaménagements hiérarchiques, cette crise met en lumière des dysfonctionnements structurels plus profonds. La visite inopinée du président de la République, lundi dernier, a agi comme un révélateur brutal : absence d’agents à leurs postes à l’heure de la levée des couleurs , désorganisation manifeste et sentiment d’un ministère fonctionnant en mode dégradé. Mais peut-on uniquement imputer ces manquements aux agents ? La question des conditions de travail dans l’administration publique mérite aussi d’être posée avec objectivité. Dans plusieurs administrations, des agents déclarent ne pas disposer de bureaux, ou évoluer dans des espaces de travail inadaptés. Certains se partagent un même local, d’autres alternent les postes par système de rotation, faute de places ou d’équipements suffisants. Les outils de travail, notamment les ordinateurs, sont parfois mutualisés, ralentissant considérablement le traitement des dossiers.
Cette réalité pose un problème de fond : peut-on exiger efficacité, discipline et rendement sans offrir un minimum de conditions matérielles? La réforme annoncée devra impérativement intégrer cet aspect, au risque de reproduire les mêmes blocages sous d’autres visages.
Dans l’attente d’un rétablissement institutionnel complet, le ministre de la Fonction Publique est donc attendu sur un double front : assurer la continuité du service public et préparer le terrain d’une administration plus fonctionnelle, plus rigoureuse, mais aussi mieux outillée. Un équilibre fragile, sous le regard attentif de l’opinion mais surtout des fonctionnaires.
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