Le 17 Décembre dernier l'ONG " SOS prisonniers Gabon" avait saisi le ministre de la Justice pour interdire les humiliations physiques et psychologiques infligées par les Forces nationales de police lors de leurs différentes interventions. Cette sortie concernait le couvre-feu avant sa suspension, il y a quelques semaines.
L'ONG avait révélé que "plusieurs contrevenants avaient été victimes de torture physique et psychologique : têtes rasées contre leur gré avec les mêmes instruments sans aucune stérilisation préalable, filmés, exposés sur les médias publics et réseaux sociaux en violation flagrante du sacro- saint principe de la présomption d’innocence". Quelques jours plus tard, plus précisément le 21 décembre 2024, l'opinion était secouée et révulsée par la mort du jeune second maître de la Marine nationale Johan Bounda.
Les premiers éléments ont indiqué qu'il avait succombé à des actes de torture perpétrés, lors de sa garde à vue, au sein des cellules du B2. Dans la foulée, le gouvernement avait retiré l'enquête à cette entité militaire pour la confier à la DGR et la DGSS. Mais beaucoup, même si des militaires ont été identifiés et auditionnés par la DGR notamment, attendaient plus de fermeté. C'est en partie le cas puisque le dernier Conseil des ministres tenu ce dimanche 5 janvier 2025 vient de s'élever contre les tortures sous toutes leurs formes en République gabonaise.
"Le Conseil a pris acte de la communication du ministre (de la Justice, ndlr) relative à la problématique de la torture et à l’engagement ferme des autorités nationales contre ces pratiques inhumaines. Le Conseil a rappelé que le Gabon a ratifié la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que son protocole facultatif, respectivement les 8 septembre 2000 et 11 septembre 2010. Le 28 mars 2024, le Gabon a soumis son troisième rapport périodique sur la mise en œuvre de ces engagements internationaux, rapport qui fera l’objet d’une évaluation en mai 2025. Enfin, le Conseil a souligné que les dispositions de l’article 11 de la nouvelle Constitution consacrent de manière explicite l’interdiction absolue de toutes formes de torture, ainsi que des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, réaffirmant ainsi l’attachement du Gabon aux principes fondamentaux des droits de l’Homme", peut-on lire.
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, ce n'est toujours pas assez. "Les auteurs de ces actes inhumains doivent être entendus dans le cadre d'une enquête judiciaire, jugés et sanctionnés. L'audience doit être médiatisée pour donner un signal fort en termes de dissuasion", estiment- ils.