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Dégradation des routes : Moabi, quel calvaire sur le réseau routier !

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TOUS les ponts ou presque, réalisés d'ailleurs sommairement, sont en état de dégradation avancée. Des bourbiers sur tous les axes intervillages. De hautes herbes ici et là ainsi qu'un manque d'ensoleillement. Le département de la Douigny ressemble aujourd'hui à une zone sinistrée qui a besoin d'aide. Nos équipes en ont fait le constat… Moabi/Gabon

NOUS voici à Moabi, chef-lieu du département de la Douigny, dans la province de la Nyanga. Pour y arriver, nous avons dû, une fois à Ndendé, dévier par Mbadi, dans le département de la Dola. Sur l'axe routier long d'environ 75 kilomètres, que de souffrance du fait de son mauvais état !

Entre montées et descentes, courbures et droitures, des obstacles de type bourbiers, crevasses et autres genres de dégradation de la voie de la circulation à n'en plus finir… Des embûches qui paraissaient infranchissables pour nous, mais que notre transporteur Tony, régulier sur le tronçon, au volant de son Toyota pick-up 4x4 diesel, attaque avec courage.

Mais il n'y a pas que le seul axe carrefour Mbadi-commune de Moabi qui est endommagé. "Toutes les routes intervillages de notre département sont quasiment impraticables. La forêt les referme au point où elles ressemblent actuellement à des pistes d’éléphants. Les bourbiers sont des guets-apens pour les automobilistes qui s'y aventurent. Sans oublier les ponts qui sont en dégradation avancée", décrit Boulé.

Pour vérifier ce tableau sombre présenté par le jeune homme et toucher du doigt cette réalité, le premier adjoint au maire de Moabi, Martial Bussugu, nous offre, à bord de son véhicule Toyota 4x4, une randonnée à travers le département de la Douigny.

Et pour commencer, cap sur l'axe principal reliant la commune de Moabi au district de Mourindi. Le voyage n'est pas une partie de plaisir, mais plutôt de tous les risques. Tant le linéaire est devenu quasiment impraticable, surtout en temps de pluies. Bourbiers, creux, flaques d'eau, effondrement des talus de terre ont rétréci la voie. Arbres et herbes envahissants la referment. Les principaux ponts des rivières Douigny et Doufoufou, au village Moukabe, sont défectueux et constituent des obstacles permanents qui jonchent la route départementale. Et enclavent la localité, au grand dam des usagers et populations du terroir qui ne savent plus à quel saint se vouer.

"Ces ouvrages ont une courte durée de vie. Ils sont de fabrication artisanale. Les matériaux utilisés sont en bois de notre forêt. Ils se dégradent sous les intempéries, le poids des années et l'usure", explique Martial Bussugu.

Dans ces conditions, les habitants, qui ont du reste pour activités principales la chasse, la pêche et l'agriculture, disent ne plus pouvoir écouler leurs produits vers les villes les plus proches. D'autant que tous les transporteurs qui assuraient le trafic dans le département ont abdiqué pour raison de mauvais état de la route.

Sur les axes Moabi et les villages Rinanzala, Mokokombaka, le constat est presque le même. Les ponts sur les rivières Missanda, Missuba et Ngueni sont hors service, les buses métalliques ont vieilli sous la corrosion et ont également perdu leur forme et robustesse du fait de l'usure. La voie de circulation est quasiment inaccessible à tout véhicule. Les populations sont enclavées et éprouvent d'énormes difficultés à rallier Moabi, le chef-lieu départemental.

Ces routes du département de la Douigny ne seraient pas dans un état aussi piteux aujourd'hui si les travaux d'entretien effectués en 2005 par SERG, une entreprise des ponts et chaussées qui avait été commise à cette époque par le gouvernement pour restaurer la voie carrefour Mbadi (Ndendé)-Mourindi, étaient permanents jusqu'à nos jours. Mais plus d'une décennie après, tous ces tronçons routiers et ces ouvrages d'art ne tiennent plus. Et les automobilistes qui s'y aventurent le font à leurs risques et périls.

Les populations, quant à elles, ne savent plus à quel saint se vouer et ne manquent pas de dénoncer les mensonges des acteurs politiques de leur localité qui, lors des joutes électorales, deviennent des chantres de la bonne gouvernance et leur promettent monts et merveilles.

Pour le président du Conseil départemental de la Douigny, Joseph Mamboundou, la situation du mauvais état de la route dans sa localité est préoccupante, mais à l'impossible nul n'est tenu. "Ce problème nous donne des insomnies. Mais nos moyens sont très limités, c'est dommage", se désole-t-il.

"Où sont donc les Travaux publics avec le programme du fonds d'entretien routier ? Quelle est la politique du gouvernement au sujet de la route ? De quel développement du Gabon parlent les gouvernants si le problème de la route ne semble pas être une priorité pour eux ?", s'interroge Manfoumbi Koudi, enseignant retraité et notable du village Moukabe.



Isaac MUKETA MUELE



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