L'affaire Mbanié, où l’absence de l’original du traité de Bata ayant pesé lourd dans la décision de la Cour internationale de justice en faveur de la Guinée équatoriale, a brutalement mis en lumière les carences criantes en matière d’archivage au Gabon. Ce drame diplomatique n’est que l’arbre qui cache une forêt de dysfonctionnements.
Dans les administrations, les pertes de documents officiels sont monnaie courante. À la mairie du 2e arrondissement de Libreville, plusieurs citoyens se sont vus refuser des actes pourtant établis, sans explication ni recours, contraints de "se débrouiller" auprès du tribunal.
Au palais de justice, la situation est tout aussi critique. "Il n’y a pas de salle d’archives", témoigne une agente du tribunal de première instance de Libreville. Les décisions judiciaires, pourtant censées être conservées à vie sous forme de "minutes", sont entassées de manière anarchique, parfois dans des locaux inondés ou loués à la hâte.
"Je vais bientôt totaliser 20 ans de carrière, et on ne retrouvera peut-être même pas mes propres minutes", confie-t- elle, amère.
Face à ce constat alarmant, la décision gouvernementale de raser et reconstruire les archives nationales est une première étape cruciale. Mais elle devra s’accompagner d’une réforme structurelle dans toutes les administrations publiques et privées. Car l’archivage, ce n’est pas seulement conserver le passé : c’est protéger notre avenir.
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