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International

Sénégal : le massacre de Thiaroye par les forces coloniales françaises enseigné à l'école

Bassirou Diomaye Faye. © DR

Le président sénégalais a annoncé hier que l'histoire du massacre de tirailleurs africains par les forces coloniales françaises en 1944 serait désormais enseignée dans les écoles, malgré les zones d'ombre que la France doit participer à dissiper au nom d'une relation "réinventée".

Le Sénégal a marqué hier le 80ème anniversaire des évènements du 1er décembre 1944 sur les lieux où ils se sont produits, au camp militaire de Thiaroye, près de Dakar. Avec cinq chefs d'État africains (dont le Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema ; lire par ailleurs), le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars sur les promesses de rupture et de souveraineté recouvrée, a donné à cette commémoration une envergure qu'elle n'avait jamais eue.

Avocat du panafricanisme, il entendait faire de cette date un marqueur d'une mémoire africaine commune mais aussi des rapports avec l'ancienne puissance coloniale et alliée historique française, avec laquelle son pays conserve des liens économiques et humains forts. Rendre hommage aux tirailleurs abattus le 1er décembre 1944, "ce n’est pas seulement pleurer nos martyrs. C’est porter leur combat et en faire un levier pour réinventer nos rapports avec nous- mêmes, avec notre histoire, et avec les héritiers de ceux-là qui ont été les auteurs de la tragédie", a-t-il dit. Ces commémorations vont de pair avec un effort renouvelé pour écrire l'histoire des évènements.

Un comité de chercheurs a été formé. Il a été reçu en novembre en France et M. Faye a salué "l’ouverture des autorités françaises actuelles". Ce dernier a appelé tous les acteurs étatiques ou non en France et dans les 16 autres pays contributeurs aux tirailleurs à se joindre à l'effort. Il a dit compter sur la France "le moment venu" pour la localisation et l'identification des dépouilles. "Il ne s’agira pas d’une porte ouverte pour susciter le ressentiment, entretenir la colère ou la haine", a-t-il assuré, mais relève du "devoir de mémoire contre l’oubli et (de) la manifestation de la vérité".

Au nom de la "réappropriation"de cette histoire, M. Faye a annoncé que les évènements de Thiaroye feraient partie des programmes scolaires. Un mémorial sera érigé dans la localité et un centre de documentation et de recherche créé. "Des rues et des places porteront le nom de cet évènement tragique, de ces soldats, pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective", a-t-il dit. Et la journée du tirailleur est désormais sanctuarisée le 1er décembre.

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