Retour de Bilie-By-Nze : entre stratégie et désillusion populaire

À la suite des récentes manifestations à Okano, une question s’impose : Alain-Claude Bilie-By-Nze, en lançant sa tournée, ne récolte-t-il pas ce qu’il a semé ? Le climat de tension rappelle les débuts de la campagne de Jean Ping avant l’élection présidentielle d’août 2016. À l'époque, les Gabonais, désillusionnés par le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, cherchaient un leader capable de porter leur espoir de changement. Bilie-By-Nze semble miser sur cette même dynamique, dénonçant avec virulence la gestion du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).

Cependant, la situation actuelle est empreinte d’un scepticisme croissant. L’ancien ministre de l'Énergie, perçu par beaucoup comme un acteur du régime déchu, peine à convaincre. Les promesses non tenues et les échecs passés continuent de hanter son image. Les populations de Mitzic, en particulier, se souviennent des engagements d’électrification à travers le barrage FE2, désormais oubliés au profit de délestages permanents. Ce passif, lourd à porter, semble peser sur sa quête de légitimité.

Dans un contexte où les citoyens expriment leur colère face aux défaillances des services publics, les manifestations prennent de l’ampleur. Si les scènes d’émeutes observées ailleurs, où des dirigeants reçoivent œufs et tomates pourris, sont rares au Gabon, la désillusion monte. Les gouvernants doivent comprendre que la confiance se gagne par des actes concrets, et non par des discours vides.

La stratégie de Bilie-By-Nze, qui s’inspire de l’expérience de ses prédécesseurs, pourrait bien se heurter à une réalité implacable : la patience des Gabonais a des limites. La promesse de lendemains meilleurs, fondée sur des actions tangibles, est désormais attendue. Les électeurs, lassés des promesses non tenues, exigent des résultats. Au-delà des discours, c’est la capacité à répondre aux attentes de la population qui déterminera l’avenir politique de Bilie-By-Nze et de son mouvement.