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Politique

Opinion - Présidentielle du 12 avril : fin de la transition, aube d’une ère nouvelle

Narcice Wolfgan MOUNZIEGOU-MOMBO, Dr Favrice Anicet MOUTANGOU, Pr Gaël NDOMBI-SOW. © DR

Dr Narcice Wolfgan MOUNZIEGOU-MOMBO (Maître-assistant/Directeur de département Littératures africaines), Dr Favrice Anicet MOUTANGOU (Maître-assistant/Directeur de département Histoire et archéologie), Pr Gaël NDOMBI-SOW (Maître de Conférences, Directeur de la Coopération universitaire/UOB). © DR

- Drs MOUNZIEGOU-MOMBO, MOUTANGOU et Pr NDOMBI-SOW : Les Gabonais se remémorant enfin avec allégresse les paroles de la Concorde. Fierté en bandoulière, ils se sont reconfigurés un patriotisme à travers l'action du CTRI, l'acte des militaires.

Mais il est de l'avis le plus répandu que l'équilibre d'un pays en régime militaro-transitoire n'est jamais bien vu. Dans ce contexte, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, lors de sa prestation de serment du 4 septembre 2023, a pris l'engagement d'un retour à l'ordre constitutionnel dans un délai maximum de deux (2) ans. En phase avec son engagement, le processus opératoire s'est déroulé selon un chronogramme bien établi: d'abord la tenue du dialogue national inclusif, ensuite la rédaction du projet d'une nouvelle Constitution et son adoption par voie référendaire (91,64 %), et enfin la convocation du collège électoral le 12 avril 2025 dans le cadre de la présidentielle.

La programmation actée, il est opportun de se pencher sur la problématique des enjeux autour de cette date retenue pour le scrutin présidentiel.

RETOUR À UN ORDRE CONSTITUTIONNEL

D'emblée, la tenue d'une élection présidentielle au Gabon le 12 avril 2025 rassure quant à l'engagement du CTRI à restaurer l'ordre constitutionnel.

Aussi cette date marque-t-elle la spécificité du "Coup de libération" du Gabon dans une Afrique en contexte de transition militaire, où l'on observe une lenteur dans la volonté d'organiser les élections présidentielles conformément aux périodes arrêtées par les militaires au pouvoir ; c'est le cas par approche comparative du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry et du Niger.

Le Gabon sera le dernier pays d'Afrique francophone noire ayant subi un changement de régime anticonstitutionnel, mais le premier à arrêter une date convoquant le collège électoral pour élire un président avant la fin prévue de la Transition. Acte à saluer, faisant donc de la transition inclusive du Gabon un cas d'école.

Au strict point de vue local, la diligence de l'organisation de l'élection présidentielle dans quelques mois induit inéluctablement le retour à un ordre constitutionnel. Celui-ci se traduit notamment par l'avènement des institutions fortes visant à consacrer l'État de droit, la démocratie et les libertés fondamentales. Dans ce sens, elles renvoient à l'idée que leur effectivité doit garantir un fonctionnement optimal, pérenne et efficace de l'État, dénué de toute dérive autoritaire.

En clair, au lendemain du suffrage rapproché au 12 avril 2025, le Gabon sera inéluctablement tourné vers l'application de la nouvelle Constitution, gage de reconstruction, à partir d'institutions fortes et résistantes à toutes velléités d'accaparement du pouvoir. Ainsi, cette nouvelle Constitution favorisera un trait d'action en parfaite fortune et se traduisant par le régime politique, la séparation des pouvoirs et les intangibilités destinées à protéger le texte constitutionnel.

En ce qui concerne la séparation des pouvoirs, elle prend en considération le régime présidentiel et les relations entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Ainsi, les titres et les chapitres de la constitution relatifs au président de la République et au parlement mettent en lumière des rapports de collaboration. Aussi la séparation des pouvoirs va-t-elle conduire à un contrôle mutuel sans que l'un des pouvoirs ne prenne le pas sur l'autre. Au sujet des intangibilités, elles seront effectives pour affermir le texte constitutionnel en le protégeant des révisions politiciennes comme jadis.

RASSURER LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ET EMBELLIR LE CLIMAT DES AFFAIRES

Au lendemain de l'avènement du CTRI à la tête du Gabon, la communauté internationale, suivant les usages, mettait le Gabon au ban des nations, le privant ainsi d'importants canaux nécessaires à la défense de ses intérêts sur la scène mondiale.

Après moult concertations diplomatiques, le Gabon retrouvait progressivement sa position au sein de certaines organisations internationales. Ses premiers signaux positifs avaient inéluctablement eu pour effet d'accroître la confiance auprès des bailleurs de fonds.

Ceux-ci sont mis au bénéfice de la reprise des discussions avec les responsables exécutifs de la Banque africaine de développement (BAD), du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Agence française de développement (AFD) à la fin de l'année 2023. Ces discussions ont débouché sur la levée des sanctions financières contre le Gabon le 6 novembre 2023 et la reprise des décaissements de la Banque mondiale (BM) le 11 décembre 2023.

La date du 12 avril 2025, convoquant le collège électoral pour la présidentielle, ne peut que rassurer immédiatement les instances et les partenaires internationaux tels que la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), l'Union africaine (UA), l'Organisation des Nations unies (ONU) et l'Union européenne (UE). À cet effet, la conscience critique permet de constater que le retour à un pouvoir civil et démocratique, ne peut que réconforter et favoriser le climat des affaires.

Au plan sécuritaire, l'élection présidentielle à venir aura l'avantage de confirmer la stabilité historique du Gabon.

En effet, dans un contexte de gouvernance militaire inclusive, les velléités de prise de pouvoir peuvent naître de toute part. Or, en organisant le scrutin dans un peu de deux mois, le président élu démocratiquement disposera de toutes les prérogatives et de toute la légitimité nationale et internationale en matière de gouvernance.

RÉPONDRE À UNE SOLLICITATION POPULAIRE PRESSANTE

Au matin du 30 août 2023, la foule qui s'est emparée des principales artères des villes du pays, en scandant des slogans favorables aux militaires, tout en sollicitant d'eux une plus grande prise en compte de leurs attentes sociales.

La volonté exprimée à l'endroit des nouveaux dirigeants était de répondre aux espérances relatives à leur bien-être, soit les urgences liées à l'accès aux services de base et aux possibilités d'emploi, l'accès aux soins et aux logements et l'amélioration du panier de la ménagère.

Avec l'élection présidentielle prévue le 12 avril 2025, le CTRI donne l'occasion au futur président de la République de répondre aux préoccupations des Gabonais, à travers l'aboutissement des chantiers de grande envergure tels que la régularisation de toutes les situations administratives, la lutte contre la vie chère, la construction des grandes artères de circulation, le programme de bitumage et bétonnage des routes principales et secondaires sur l'ensemble du territoire, les constructions et la réfection des universités, lycées, collèges et écoles primaires et une plus grande employabilité des jeunes à travers les projets générateurs de revenus.

Le retour au régime démocratique à partir du 12 avril 2025, permettra également au président élu de déployer son projet de société en ayant pour ambition de redonner aux Gabonais leur dignité, une vie éblouissante et fière, dans une nouvelle République.

CALENDRIER ACADÉMIQUE REPENSÉ, INTÉRÊT DES APPRENANTS

En annonçant la tenue de l'élection présidentielle le 12 avril 2025, le gouvernement de la Transition entend réaliser un gain de temps précieux par rapport aux 24 mois de transition prévus au départ. À cet effet, le ministère de l'Education nationale, grâce à la promptitude de son ministre de tutelle et la réactivité des équipes techniques, ont planché sur la proposition d'un nouveau calendrier scolaire en phase avec le contexte électoral. Dans cette optique, un nouveau calendrier scolaire, rallongé de quelques semaines, vient d'être publié afin d'acter un léger prolongement de l'année académique.

Ce changement répond à la nécessité pour les autorités de tutelle de ne pas léser le monde de l'éducation, les apprenants des classes d'examen notamment, au profit des questions purement politiques et des débats interminables qu'elles soulèvent. En clair, l'adoption de ce nouveau calendrier scolaire vise à mettre en adéquation la nécessité d'organiser l'élection présidentielle le plus tôt possible et l'intérêt qu'accordent les nouvelles autorités du pays à la formation de la jeunesse gabonaise. Dans cette logique, le secteur de l'enseignement supérieur ne devrait sans doute pas échapper à une réorganisation calendaire.

Au final, force est de constater que la date choisie du 12 avril 2025 pour la tenue de l'élection présidentielle, répond au timing de l'urgence d'un retour à l'ordre constitutionnel.

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