Dans le paysage politique gabonais, la transformation d'Alain-Claude Bilie-By-Nze, président de la plateforme "Ensemble pour le Gabon", ressemble à un chemin de croix. Ancien Premier ministre d'Ali Bongo Ondimba, il est désormais en quête d'une rédemption politique, après une carrière marquée par son engagement dans le système déchu. Son parcours a brutalement pris fin le 30 août 2023, avec l'instauration du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), et depuis, Bilie-By-Nze est devenu l’archétype de l’homme lige du pouvoir déchu, selon de nombreux Gabonais.
Loin de se dérober, Bilie-By-Nze a adopté un discours de mea culpa. Lors de ses sorties récentes, il a reconnu avoir trop souvent défendu le camp d'Ali Bongo au détriment des aspirations du peuple gabonais, appelant à un changement de paradigme. En bon orateur, il n’hésite pas à critiquer la Transition en place, tout en se distanciant des responsabilités qui lui incombent dans les difficultés actuelles du pays. Étrangement, son statut d’ancien ministre lui permet d'endosser le "bon rôle", loin des affaires courantes.
À soixante jours de l’élection présidentielle prévue le 12 avril, la question se pose : Bilie-By-Nze parviendra-t-il à se défaire de l’étiquette d’artisan du "système Bongo" ? Bien qu'il n'ait pas encore officiellement déclaré sa candidature, sa mini-tournée nationale soulève des interrogations. Les Gabonais, souvent amnésiques, pourraient néanmoins se rappeler de son parcours lorsqu'il tentera de séduire l'électorat.
La route vers une nouvelle légitimité est semée d'embûches. Son image, entachée par son passé, pourrait jouer en sa défaveur. Les promesses de renouveau qu’il brandit risquent de se heurter à la mémoire collective des Gabonais, qui ne manqueront pas de lui rappeler ses anciennes allégeances. Alors que la campagne s'intensifie, il reste à voir si Bilie-By-Nze réussira à transformer son parcours en atout, ou s'il continuera d'être perçu comme un vestige d'un système révolu. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’ancien fidèle du régime Bongo.