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Économie

Marcel Abéké : "nous travaillons à accroître nos recettes budgétaires"

Marcel Abéké, ministre du Pétrole. © DR

L'Union : Vous avez récemment participé à deux événements majeurs sur les questions énergétiques. Quelles différences établissez-vous et quelles en sont les retombées ?

Marcel Abéké : Je voudrais, avant toute chose, remercier le Journal L’Union de m’offrir l’opportunité de m’exprimer ici sur les différentes activités que, au cours de ces dernières semaines, le ministère du Pétrole a mené et, plus particulièrement, sur deux événements majeurs du secteur pétrolier, à savoir le Central Africa business energy forum (Cabef) et l’Africa Energy Week. Pour ce qui est du Cabef, sa logique, intégratrice, est davantage tournée vers les États de la sous-région. Celle-ci part du constat d’un paradoxe. Celui qui met en perspective l’existence de vastes réserves de gaz naturel encore non exploitées dans notre sous-région, d’une part, et la pauvreté énergétique qui frappe nos populations, d’autre part. En partant de ce constat, les initiateurs de ce projet ont à cœur de fédérer les énergies de la sous-région pour qu’ensemble nous réfléchissions aux meilleurs moyens d’exploiter cette ressource essentielle et d’en faire bénéficier nos populations. C’est un projet intégrateur parce que, à terme, l’idée est la construction d’infrastructures sous-régionales qui nous permettront d’exploiter de manière optimale notre gaz naturel. Principalement, il s’agit de mettre en place le Central Africa pipeline system (CAPS), c’est-à-dire un vaste réseau d’oléoducs transfrontaliers et interconnectés pour améliorer l’accès de toutes nos populations à l’énergie…

Et qu'en est-il du projet à ce jour ?

"À ce stade, ce projet a déjà connu quelques avancées majeures, notamment la validation des études techniques qui va ouvrir la voie à la réalisation d’études plus détaillées au cours de l’année 2025. L’objectif est de faire en sorte qu’à partir de 2030, ce réseau d’oléoducs puisse transporter près de 30 milliards de mètres cubes de gaz. Cela aidera indiscutablement au développement industriel, économique et social de nos États, à la diversification de nos économies encore trop rentières et à l’accroissement de nos recettes budgétaires. Pour parvenir à cette opérationnalisation, il nous reste à régler les problèmes liés à son financement mutualisé estimé à 10 milliards de dollars, c’est-à-dire environs 5 000 milliards de francs CFA.

Et l'autre événement ?

L’Africa Energy Week, au contraire, a une visée plus mercantile. De manière pratique, il s’agit de mettre en relation les États, qui souhaitent attirer des investisseurs qui souhaitent développer leurs activités au-delà des États où ils sont déjà présents. En participant à ce type d’événements, notre objectif est de faire connaître les potentialités qu’offre notre bassin sédimentaire et de présenter aux potentiels investisseurs les avantages qu’il y a à venir investir chez nous. C’est pourquoi, dans la droite ligne de ce que j’avais déjà annoncé lors de l’Africa Oil Week de 2023, j’ai de nouveau rassuré les différents acteurs qui étaient à cette édition de 2024 sur l’excellence du climat des affaires au Gabon, depuis août 2023, grâce aux importantes mesures prises, particulièrement dans le secteur des hydrocarbures, sous l’impulsion des plus hautes autorités, en tête desquelles le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Je peux, avec une certaine fierté, dire que ce choix commence à produire des effets positifs et bénéfiques pour notre pays. J’en veux pour preuves, la signature, en moins d’une année, de sept (7) Contrats exclusifs d’exploitation et de partage de production, dont les deux (2) l’ont été récemment avec le Consortium d’entreprises composé des sociétés BW Energy, Panoro et Vaalco. Trois autres contrats sont en cours de négociations. Il s’agit là d’un record, sachant qu’aucun contrat pétrolier important n’avait plus été signé par notre pays depuis près de dix ans.

Pensez-vous que la voix du Gabon au sein de l’OPEP ait pesé durant votre mandat ? Si oui, comment ?

En ma qualité de président de l’OPEP, mon rôle est d’abord celui d’être la voix de l’ensemble des pays de l’Organisation. Le fait que globalement les prix du baril de pétrole soient restés stables, en dépit des crises multiples que traverse le monde, démontre à suffisance que nous avons travaillé dans un esprit de construction et de solidarité au cours de cette année. Je tiens d’ailleurs à remercier son Altesse Royale, le ministre des Hydrocarbures de l’Arabie saoudite et le secrétaire général de l’OPEP dont l’appui constant nous a permis de mener à bien cette lourde charge. S’agissant particulièrement de l’apport de cette présidence pour notre pays et, surtout, de savoir si notre voix y a pesé, je répondrai sans hésitation oui. Oui, parce que cette présidence nous a permis de remettre le Gabon au cœur de cette organisation comme en témoignent la visite du secrétaire général de l’OPEP aux autorités gabonaises au début de l’année 2024 et l’invitation qui m’a été adressée par mon homologue d’Arabie saoudite en avril de cette même année. Oui aussi parce que grâce à cette présidence, nous avons pu obtenir de l’OPEP la révision à la hausse de nos quotas de production. En effet, depuis quelques années, les quotas de production de notre pays ont été fixés à un seuil qui, de notre point de vue, ne reflète pas nos capacités réelles et nous empêchent d’augmenter notre production et donc les revenus pétroliers de l’État. Or, dans la dynamique de reconstruction impulsée par les plus hautes autorités du pays, nous travaillons à accroître nos recettes budgétaires. Dans ce cadre, les recettes pétrolières ont une importance capitale. La révision à la hausse de nos quotas de production sera donc un élément essentiel pour atteindre ces objectifs.

Quelle est la stratégie des autorités gabonaises pour promouvoir davantage notre bassin sédimentaire ?

Je voudrais, sur ce point, tout d’abord indiquer que le bassin pétrolier gabonais couvre une superficie de 255 183 km². Sur cette superficie, le domaine attribué occupe une surface de 84 210 km², soit 33 % du territoire pétrolier et le domaine libre 170 973 km², soit 67 % du domaine pétrolier global. Pour être complet sur cette question, le ministère du Pétrole a fait le choix depuis quelques années de privilégier la négociation directe comme mode de passation des différents contrats pétroliers. Ce choix, qui permet une entente directe entre l’État et les potentiels investisseurs, n’est pas mauvais.

Que prévoit le Code des hydrocarbures ?

Au demeurant, il est justement prévu par le Code des hydrocarbures. Mais cette méthode de passation des marchés reste, de notre point de vue, limitée, en ce sens qu’elle ne permet pas forcément au plus grand nombre de se porter candidat et de toucher toutes les grandes entreprises du secteur. Cependant, le bilan qui m’a été fait du précédent appel d’offres et les actions de promotion que nous avons engagées à la tête du secteur des Hydrocarbures nous permettent de croire aux chances de succès d’un treizième appel d’offres. C’est pourquoi, au sein du ministère, la réflexion est portée, ces derniers temps, sur la préparation d’un road show qui devrait nous amener au contact des majors afin de leur présenter davantage notre bassin sédimentaire dans le cadre du nouveau contexte des affaires dans notre pays. "
 

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