La vie est décidément une parfaite illusion. Et la mort, une triste réalité. Louis Gaston Mayila, homme politique gabonais d'envergure, est décédé brutalement le 4 février 2025 à Montreuil-sur-Mer, à l'âge de 78 ans, victime d'un accident vasculaire cérébral. Sa mort a plongé le Gabon dans un chagrin palpable, tant son nom s'est confondu avec l'histoire politique du pays pendant près de quatre décennies.
Né à Yombi, dans la province de la Ngounié, Mayila a su se frayer un chemin au cœur des arcanes du pouvoir, laissant derrière lui un parcours riche et tumultueux. Ministre sous le règne d'Omar Bongo Ondimba, Mayila a occupé des postes clés, notamment à l'Intérieur et à l'Éducation nationale. Ses réformes, telles que la création du manuel scolaire "Piga & Bika", témoignent de son engagement pour une éducation accessible.
Cependant, son parcours politique est marqué par des ruptures et des retours, comme en témoigne la création du Parti de l'Unité du Peuple (PUP) en 1992, suivie d'un retour au Parti Démocratique Gabonais. "Je suis parti parce que la maison du père était saturée, je reviens parce qu'une chambre s'est libérée", disait-il, illustrant sa capacité à naviguer habilement dans un paysage politique en constante évolution.
Fin stratège, Mayila était un polyglotte reconnu, capable de séduire ses interlocuteurs, mais aussi de susciter des inimitiés. Sa carrière était jalonnée d'épisodes où il a su se faire détester autant qu’admirer. En 2009, après le décès d'Omar Bongo, il a fondé l'Union pour la nouvelle République (UPNR), un acte fort symbolisant son désir de renouveau dans un pays en quête d'identité politique.
En 2016, alors que le Gabon semblait emprisonné par la dérive du régime d'Ali Bongo, Mayila s'est rapproché de Jean Ping, candidat de la coalition pour le changement. Son engagement aux côtés de Ping a marqué un tournant dans sa carrière, témoignant de sa volonté de défendre une vision alternative pour son pays.
Sa disparition est une immense perte pour le Gabon, une bibliothèque qui vient de brûler. Louis Gaston Mayila laisse derrière lui un héritage complexe, fait de réformes, de combats politiques et de souvenirs. Son décès rappelle que, bien que la vie soit une illusion, son impact sur le monde est bien réel.
Ce grand commis de l'État, avocat de métier, rejoint désormais ses ancêtres, mais son silence résonne comme un cri de désolation dans le cœur de ceux qui l'ont connu. Ainsi va la vie : on naît, on joue sa partition, puis arrive le temps où le rideau se baisse définitivement.