Sous nos tropiques, on pensait avoir tout vu en matière d'arrangements d'arrière-boutique et de félonie politique. C'était sans compter avec le Parti démocratique gabonais (PDG), qui organise son 13e congrès extraordinaire ce jeudi – le premier du genre depuis l'avènement du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) – dans un hôtel de Libreville. Ce rassemblement, qui semble vouloir donner un nouveau souffle au parti, se déroule dans un contexte atypique, marqué par des défections et des démissions qui soulèvent des interrogations sur l'essence même du terme "parti de masses".
La rencontre, réservée aux militants de l'actuel directoire, aux membres du bureau politique et aux conseillers consultatifs, a sciemment écarté la base, suscitant de vives critiques. Cette stratégie soulève des questions : s'agit-il d'une manœuvre politique délibérée ou d'un manque de moyens, comme par le passé ? Quoi qu'il en soit, ce choix est lourd de significations et alimente de nombreux commentaires.
Les congressistes, ayant seulement quelques heures pour accorder leurs violons sur la nouvelle ligne directrice, se pencheront sur les textes du parti. Parmi ceux-ci, une disposition importante désignant automatiquement le leader du PDG comme le candidat à l'élection présidentielle. Cette élection devient d'autant plus pressante avec le retrait effectif de la scène d'Ali Bongo Ondimba. Dans la foulée, son premier vice-président, Paul Biyoghe Mba, est pressenti pour prendre les rênes du parti, mais sans réelle opposition. À ce jour, aucun militant n'a exprimé de désir clair de succéder à Bongo Ondimba à la présidence.
Cette réorganisation interne intervient alors que le PDG, fondé par feu Omar Bongo Ondimba, traverse une tempête politique. Les contestations internes, les défections et un flou général fragilisent le navire PDG, pourtant encore à flot. La veille du congrès, deux figures de proue, Ali Akbar Onanga Y'Obegue et Me Francis Nkea Ndzigue, ont dénoncé l'illégitimité de l'actuel directoire, ajoutant une nouvelle couche de tensions au sein du parti.
Le format du congrès lui-même est perçu comme discriminatoire par certains observateurs. Comment expliquer l'exclusion de la base dans un parti qui se revendique "de masses" ? Peut-on réellement repenser en quelques heures des textes vieux de plus d'un demi-siècle ? Pour beaucoup, la réponse est évidente : non. Certains assimilent même cette réunion à un "simulacre de congrès", une tentative désespérée de masquer les fissures internes.
Bien que la question d'un soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema, potentiel candidat à la présidentielle du 12 avril, ne soit pas encore à l'ordre du jour, il est probable que les congressistes, après avoir pris acte de l'éviction de leur "distingué-camarade-président", expriment leur soutien au nouveau dirigeant. Ce positionnement semble inévitable, au vu de l'orientation actuelle de l'ancien parti au pouvoir et des aspirations de ses membres.
Ce 13e congrès extraordinaire du PDG, bien plus qu'une simple formalité, est un moment charnière qui pourrait redéfinir le paysage politique gabonais. Entre renouveau et tensions internes, l'avenir du parti, et peut-être du pays, se dessine dans l'incertitude et l'expectative.