Bibliothèque nationale : l'image de notre histoire en voie de disparition

Le Gabon aurait-il encore une mémoire ? La question vaut son pesant d'or dès lors que ce qui doit constituer cette mémoire ou l'histoire de ce pays est pratiquement plongé dans l'agonie : la bibliothèque nationale, dont rien ne semble entrepris pour en redorer le blason.

Pour ceux qui ne savent pas où elle est située, ces "vestiges" sont entassés dans un domaine visiblement voué à l'abandon. En effet, la bibliothèque nationale est érigée entre l'ancienne boîte nuit " La Maringa " et les feux tricolores de Batterie-IV, sur le front de mer de Libreville.

A vue d'œil, la structure qui abrite tout ce qu'il y a comme archives nationales est une vieille bâtisse logée à l'intérieur d'une vieille clôture en passe d'être avalée par une végétation sauvage. Assurément un nid de reptiles, au regard du caractère marécageux du terrain. Une fois à l'intérieur, ce que l'on aperçoit du site est une image peu reluisante : peinture complètement défraîchie, voire décapée. Le sol est en lambeaux. La climatisation est totalement hors service empêchant les agents – nonobstant la bonne volonté qui les anime pour bien faire leur travail – d'y rester toute la journée.

" A cause de la chaleur qu'il y a ici jusqu'à certaines heures de la journée, nous sommes contraints de quitter nos bureaux ", fait remarquer une des employées des lieux qui, répondant aux journalistes de L'Union, prenait l'air sur le parking.

" La bibliothèque nationale est en passe d'être délocalisée vers Okala, dans le Nord de Libreville. Depuis un an déjà, nous sommes en attente de déménagement. Si vous rentrez dans le bâtiment, vous verrez que tout est emballé ",  précise notre interlocutrice. Effectivement, à y regarder de près, tout ce qu'il y a comme archives nationales est emballé dans des cartons, visibles à travers les baies vitrées.

On se rend donc à l'évidence : ces archives ne sont pas conservées dans les normes. " Ici, c'est un véritable désordre. Tout ce qu'il y a comme document est mal gardé. Tout est imbibé de poussière et exposé à la chaleur, du fait que la climatisation fait défaut ", regrette un autre employé. Lequel ajoute : " On ne conserve pas les archives de cette manière dans la poussière. Essayez de vous rendre à l'intérieur de ce local. Propre comme vous êtes, vous pouvez être sûrs que vous sortirez de là avec les habits envahis de poussière ".

Ce qui indique parfaitement, pour le coup, que toutes les activités sont à l'arrêt au sein cette institution. Selon quelques-uns de ses employés rencontrés sur place, tous les services ne fonctionnent presque plus depuis l'annonce de la libération des lieux. En même temps, ils ne connaissent pas la date de la libération des lieux et, surtout, ne connaissent pas non plus le site qui accueillera leur structure.

Une situation qui rappelle, à en croire le personnel, que ce qui fait office de bibliothèque nationale du Gabon est bien un grand malade. C'est désormais ce triste spectacle qui frise la déchéance qui s'offre à la vue des rares visiteurs et passants s'intéressant encore à la structure.

Il faut impérativement trouver des remèdes pour sortir la bibliothèque nationale de l'agonie.