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Société & Culture

Crise pharmaceutique au Gabon : un ultimatum qui menace l'accès aux médicaments

Photo d'illustration d'une pharmacienne © DR

Le 25 octobre dernier, les pharmaciens ont officiellement adressé à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) un préavis de suspension totale de leurs prestations, effectif à partir du 12 novembre prochain. Derrière la courtoisie de la lettre du Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga), se cache une situation alarmante : les officines sont étranglées par des dettes abyssales de plus de 3 milliards de francs CFA. Elles se retrouvent donc dans l’incapacité de maintenir leur activité, fragilisant ainsi l’ensemble du réseau pharmaceutique du pays.

Preuve que la crise entre la CNAMGS et les pharmaciens gabonais semble avoir atteint un point de non-retour avec cet ultimatum lancé : faute de règlement sous 12 jours, ils projettent de suspendre leurs services aux assurés, mettant en péril l’accès aux médicaments pour des millions de Gabonais. Cette décision, dont les causes sont à rechercher dans des années de dysfonctionnements, reflète une perte de confiance accrue, malgré les récents espoirs nés des changements politiques du 30 août.

En théorie, les pharmacies devraient être payées dans les 15 jours, confie le Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga), suivant le dépôt de facture. Mais la réalité est toute autre : depuis des années, les pharmaciens tolèrent des délais de 30 jours…, rarement respectés. "Nous avons toujours laissé 30 jours, même si le contrat stipule 15 jours, mais même cela n’a jamais été suivi", confie-t-on au Sypharga. Un accord avec Ecobank avait tenté d’alléger la pression sur certaines officines, en garantissant des règlements hebdomadaires. Un accord qui a hélas, récemment glissé vers des paiements mensuels, plongeant à nouveau le secteur dans l’incertitude.

Avec les espoirs de renouveau suscités par les événements d’août 2023, les pharmaciens avaient espéré des changements concrets pour assainir et renforcer le système de santé. Il faut à la vérité de reconnaître que la situation s’est au contraire aggravée, à les en croire.

Ce préavis déposé le 25 octobre et n'ayant fuité dans la presse que le 30 du même mois est donc une sorte de cri d’alarme : "Au-delà du paiement de nos dettes, nous réclamons des mesures urgentes contre la fraude et une révision des produits remboursés et de leurs taux", martèle le Sypharga. À quelques jours du vote référendaire, le Gabon se dirige-t-il vers une crise sanitaire majeure ? La question reste en suspens, alors que l’inquiétude grandit parmi la population et les acteurs du secteur.

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